25 juillet 2011

Blümchenkaffee

Des représentants de la partie agitée et nocturne de Berlin, méthodiques comme des taupes, avaient creusé sous elle. Sous son appartement, sous sa table de petits ouistitis en porcelaine, sous sa crédence de scarabées en lapis-lazuli, sous le pastel de son papier peint figurant des scènes ancestrales de chasse.

Des basses commencèrent à brasser l'air, à ébranler par chatouillement les bases de l'édifice, à gazéifier le sommeil de l'immeuble.

Tandis qu'elle sortait son service de tasses. Et qu'elle se réjouissait de voir se troubler l'eau de son café très clair. Parce qu'à travers l'eau brunâtre exagérément refiltrée, elle pouvait deviner la petite fleur bleue au fond de la tasse. Dans ce tremblement général, elle avait ainsi l'impression que la plante frêle bougeait sous l'effet d'un vent sous-marin. Elle aimait tenir ce mystère fragile et brûlant entre ses mains âgées.