26 septembre 2011

Bar de gare

Des êtres de panmixie se pressaient contre le comptoir.

Dans leurs têtes, ils savaient ce qu'ils désiraient. Ils peinaient pourtant à se décider pour un latte macchiato ou un cappuccino, ou peut-être un dry caramelito spécial Nicaragua. Enfin, de la caféine festive pour célébrer le matin et les bruits de ferraille qui pesaient sur leurs âmes. Dans le soupçon général du dérèglement progressif des trajectoires générationnelles.

Au-dessus de ce vacarme feutré trônait la représentation d'une Italie de places Saint-Marc, de mobylettes, de costumes clairs et droits, de stylos en résine foncée et de caféine serrée. Au centre, une immobilité sombre, au regard hors-champ, une décontraction inespérée au-dessus de cet after de l'aube. L'homme de l'affiche dégageait une mélancolie agressive, entraînée à convaincre, à soumettre la dégustation.

Pourtant à la maison il laissait des traces au fond de la cuvette.
Pourtant at home il n'assurait pas régulièrement l'hygiène de son appareil génital.
Pourtant zu Hause il gaspillait l'eau.

Bars de gares, la parole muette des êtres d'affiche face au verbe magmatique des êtres de panmixie.
Bars de gares, brouhaha aphone.