17 septembre 2014

Il y a un saucisson

Il y a un saucisson. Il se trouve dans un placard. Au sec, au frais, à l'abri de la vermine. C'est un programme apaisant de faire de ce saucisson le but de sa journée. Après le soleil, la pluie et les éléments. Penser au saucisson durant les aventures du jour. Et puis rentrer. Et aller contempler le saucisson. Au calme. Il n'a pas bougé. Ou si peu. De toute façon, c'est invisible à l'oeil nu. Dans un intérieur de peu d'électricité, se réjouir du moment où on amènera le saucisson sur la table. On le découpera. Pas lentement mais tranquillement. Dans un halo de lumière minimal. Japperont au fond du domaine les bruits mélangés de la ville et de la faune qui descendent vers la nuit. Ensuite, on aura envie de penser à des choses peu compliquées qui amèneront une vision du monde plus vaste. Large comme la traversée d'une prairie verte et fraîche les pieds nus. Loin du verre pilé, des boîtes de conserve abandonnées et des restes de l'humanité. Enfin, après avoir placé une pomme à la place du saucisson, on ira se coucher. Au-dessus d'une obscurité métallique comme une langue sur un couteau.