20 mars 2016

Papillons rôtis

Regarde-les s'éparpiller dans la nuit, regarde-les se déconcentrer au contact du vent. Nous allons au devant de beaucoup de tristesse en multipliant nos gestes pour extraire les papillons du ventre du crépuscule. A s'obstiner à les faire rôtir. Ensuite. L'obscurité ne se cabrera pas avec délicatesse, elle ne soupirera pas avec profondeur sous nos papouilles. Il y aura des cloques. Plutôt. Irrégulières et gorgées. Lorsque les après-midi de pluie ne chantent plus sous nos caresses, il y a quelque chose de brisé. Au sens du vent.

04 mars 2016

L'aube suivante

Ce matin
Le jour
Est un chien mouillé
Tu hésites à le faire rentrer
Tu sais que nous serons
Hypnotisés par son odeur
Tu sais qu'à peine rentré
Il se précipitera sur nous
Tu sais que
Nous nous laisserons attendrir
Nous nous lancerons à l'assaut
De cette féroce humidité
Tu sais que ce sera
Lumineux
Pourtant
Tu préfères
Attendre la nuit
Et plier des linges
Jusqu'à l'aube suivante

Raffut

La nuit
A refermé
Ses mâchoires
Sur nous

Elle nous a avalés
Tout cru
Nous voici
Dans des entrailles
Sombres et visqueuses

Et toi qui me dis
Nous sommes encore vivants
Et toi qui me dis
Nous ne sommes pas morts
Et toi qui me montre
Nos violons
Et nos musiques à bouche

Notre raffut
Viendra cogner
Comme une bête
Aveugle et surexcitée
Contre les parois
De ces profondeurs acides

02 mars 2016

Assaut

Tes cheveux
Sont
La Camargue
De mes désirs

Mes mains
Sont
Des chevaux
Lancés
A l'assaut
De toi

Fendre la nuit

Tu es le seul
A fendre la nuit

D'autres ont voulu
Ils ont montré
Les dents
Ils ont
En vain
Cherché leurs couteaux

Tu es le seul
A découper
Les couches
De nos solutions hasardeuses

Lorsque l'aube
Met de la lumière sur tes mains
Tu regardes
Des traces
Des lignes
Les petits chemins de poussière
De tous ces espoirs
Venus du fond des ventres
Que la nuit a moulu
Fin
Avec la force
De papouilles sombres

Tu es le seul
A fendre la nuit
D'autres ont voulu
Ils se sont
Perdu en chemin