01 décembre 2024

Clique d'espoirs fripés

La lumière
Selon son habitude
Se promène ici
Pieds nus
Elle progresse
Sur des chemins
Rôtis
Et salis de cailloux
Jetés en vomissures
La lumière
Emprunte pieds nus
Des itinéraires
Saccagés par la nuit
Et sa clique d'espoirs fripés
Ce matin cependant
Elle a enfilé
Une paire de chaussettes à pois
Elles lui remontent
Plus haut que les mollets
Peut-être que demain
Elle portera pourquoi pas
Des sandales
La lumière
En chaussettes à pois
Et en sandales
Ne venez pas nous dire ensuite
Que tout est clair
Et que ces traces sur les chemins
Ne sont pas des ombres
En salive séchée

01 novembre 2024

Sous les semelles

Ces arbres rentraient
De quelque part
Ils titubaient dans le vent
Encore un souffle de fond d'été
Déjà un râle guttural d'hiver
Ces arbres
Ivres à ne pas voir
Ces drames cogner leurs troncs
Ces couteaux tailler leurs branches
Ces larmes, ces cris
Ces yeux portés au ciel
Sans accroche
Puisqu'il n'y a personne pour tendre la main
Ces frénésies indomptées
Puisque le domptage
Est une profession en disgrâce
Ces arbres se perdaient
Entre deux saisons
Parmi les foules de solitudes
Ces arbres accueillaient encore
Quelques tristesses
Les dernières
Avant les abominations en faramines
A peine un jeu d'ombres
Pour l'heure
A peine un frémissement
De lumière sentinelle
Ces arbres rentraient
De quelques part
Des rires sous les semelles
Ecrasés par inadvertance
Sur des chemins
Promis aux ravages

01 octobre 2024

Sous-sol

Venu d'en bas
De la cave
Sous le fond de la terre
Si elle en avait une
Venu exciter ces forêts
Venu leur souffler dessus
Ces arbres dressés
Sur leurs pattes arrières
Et leurs hurlements gutturaux
Venu ici
Ce souffle, cet air, ce vent
Cogner du bâton
Sur des barreaux invisibles
Puisqu'il sait que les prisons d'écume
Existent à la commissure des tristesses 
Puisqu'il ne monte pas de la cave
Sous le fond de la terre
Oui, si elle en avait une
A la légère
Les bras vides
Une fois les forêts rendues folles
Tout est prêt
Pour dépecer les êtres
Qui s'agitent et qui s'entretuent
Au milieu de leurs prisons d'écume

01 septembre 2024

Du plat de la main

Chasser quelques insectes
Du plat de la main
Pratiquer la brasse
Se laisser porter
Par des courants sombres
Et progresser dans la nuit
Celle qui produit
Mille fantaisies
Pour nous distraire
Et nous faire peur
Alors que nous sommes
Des trappeurs d'insectes
Ceux qui habitent la nuit
Qui se vautrent
Qui se prélassent
Qui dansent
Et qui l'aube venue
Ne paient rien du tout
Puisqu'ils sont ici
Chez eux
Et cousins du jour

01 août 2024

Colères

Le matin s'aiguisait tout seul
Le jour tranchait et luisait
C'était une aubaine
Pour les trappeurs de colères
Ils creusaient des trous à même l'aube
Ils tricotaient quelques tristesses
Prises en vrac
Faciles
Pas chères
Et ils produisaient des toiles amples
Et ils en recouvraient leurs trous
Restait à attiser et à attendre
Elles ne tarderaient pas
Les colères matinales
Sortent la tête ailleurs
Folles, fières et furieuses
Ne regardent pas où elles vont
Traversent forêts et rideaux de pluie
Drapées de fracas
Elles rajustent leurs cris
Elles se regardent beaucoup
Une flaque les contentent
Et ces tapis de tristesses
Flattent leurs pieds agités
C'est ici que les trappeurs
Ont le geste sûr
Les précipitent au fond
Et les observent un moment
Se débattre, ronger tout ce qu'elles trouvent
Arracher leurs colliers d'émotions sèches
C'est ici que les trappeurs
Font voir à leurs enfants
Combien le commerce de colères
Est exigeant et lucratif

01 juillet 2024

Fouiller les taillis

Le monde penche
De plus belle
Il fait frais sur l'horizon fuligineux
Et il faut se donner de la peine
Pour tenir droit
Pour marcher vers ces fourrés
Pour aller cogner dedans
Et voir si les bruits, les gloussements et les borborygmes de la nuit
Y ont laissé quelque chose
Des traces, des branchages mordillés
Le monde penche
Sapristi
Il est bien décidé à nous empêcher
De rejoindre ces fourrés
Puisqu'il sait qu'en bons fouilleurs de taillis
Ce sont les miettes, les carcasses et les osselets du jour
Que la nuit et ses plénipotentiaires
Sont venus ronger et rogner là-dedans
Qui nous importent
Le monde penche
Mettons-nous à l'autre bout de ce déséquilibre
Sautons à pieds joints du côté du jour
Et regardons la nuit rebondir sur l'horizon
Vomir et recracher des morceaux de lumière
Provoquons un feu d'artifice
Bricolé des restes d'un jour imprudent et dévoré

01 juin 2024

Polir

Arracher un bout de nuit
D'une vieille étole de ciel sombre
Ternie par la poussière des aubes naissantes
Arracher un bout de nuit
Alors qu'elle s'en va
Alors que sa tunique traîne encore
Et le polir
Et l'enfoncer dans l'orbite
De ce vieil hibou borgne
Pour redonner un peu de lustre
Aux éboueurs de l'obscurité
Aux tresseurs de pluie
Aux trieurs de nuages
A ces professions faméliques
Lancées aux trousses d'un éclat
Sur la piste maigre de ce que nous aurions perdu
Ivres de jour flâné
Perdus dans nos lumières fanées

01 mai 2024

Fouillis

Le dos calé dans l'herbe
Chiffonner les nuages
Que les arbres
De leurs feuilles propres
Auront épousseté
Rendus moins gris
Plus présentables
Plus fréquentables
Par la haute saison
Mettre le ciel en fouillis
Balbutier le bazar
Et retenir
Les iules, les sylphes
Les peuples souterrains
De barbouiller
Cette saison
Méticuleusement
Mise en fatras

01 avril 2024

Chevilles

La vie qui tombe trop
Sur les chaussures
Jusqu'à glisser
Sous l'arrière des semelles
La vie qui s'élime
Au fil des pas
La démarche
Qui s'habille de bruit frotté
Cette vie à raccourcir
Cette vie à ourler
Histoire de bien dégager
Les chevilles
Et de faire reluire
Les cuirs
Jusqu'aux plus épais

01 mars 2024

Aux avant-postes

Fumer quelques heures
Aux avant-postes de la fureur
Ecouter ce crépitement qu'elles font
A mesure qu'elles se consument
Et tirer dessus en creusant les joues
Penser
Quelle naïveté
Que la fureur sera elle aussi aspirée
Alors qu'elle seule décide
De venir ou non
Et pour combien de temps
Et par quels horizons
Fumer quelques heures
Et laisser leurs cendres
Aux bons soins
Des rafales, des bourrasques et des tourbillons
Qu'elles les emmènent
Au travers de cette fourrure dense et sombre
Que donnent à voir parfois
La terre et le ciel
Lorsqu'ils se cherchent querelle
Par ennui
Par manque de vent
Parce qu'ils n'ont jamais su
Fumer des heures
Et qu'ils nous tournent autour
Et qu'ils espèrent apprendre
A capturer des exhalaisons
En vain
Puisque l'ennui ne se laisse pas
Promener en laisse

01 février 2024

Gargouillis

La forêt gargouillait
Elles digérait
Son peuple
Espiègle et retenu
Quelques éveillés
Se tenaient
A chaque bout de son orée
Ils espéraient récupérer
Un souffle, un parfum, un écho
Ils patientaient
En attendant un rot
Constitué
De ces tristesses
De ces désespoirs
De ces rages
Que nous menons en forêt
Pour les perdre
Pour qu'elle s'en charge
Pour qu'elle transforme tout ça
En camelote bon marché
Destinée à étourdir
Ceux qui patientent devant les lisières
Avec ou sans arme

01 janvier 2024

Un panier de nuit

La nuit est un panier
Qui craque
Et qui chante
Les refrains
Des vieux osiers
Passés de caves en greniers
Des rengaines de poussières
Aux odeurs de sécheresse
La nuit est encore intacte
En bon état
Elle n'est pas percée
Elle ne perd rien
Personne ne pourrait
La suivre à la trace
S'il lui prenait l'envie
De déserter
La nuit est un panier
Dense et sombre
Rempli de provisions
De lumière et de jour
Coupés en lamelles
Séchés par le temps
Et aussi par le soin
De ceux qui
Un jour
Ont traversé le monde
Un panier de nuit au bras

01 décembre 2023

Un morceau de vent

La tristesse est un amas
De vieux arbres
Et de branches spaghettis
Abattus par une tempête 
Venue d'îles inhospitalières
Battues par des vents rôtis et saignants
La lune leur tombe dessus en parmesan
Autrefois l'appétit venait à cheval
On pouvait s'embusquer
Surgir des buissons
L'ouvrir par le milieu
Le couper net
Aujourd'hui il roule en véhicule de débardage
Pointu, coriace et hermétique
Il lui faut bien davantage
Que de vieux arbres abattus
Et saupoudrés de parmesan de lune
Pour le faire saliver
Cette tristesse restera ainsi au milieu du passage
On la verra se faire élaguer
Sous le poids du métal
Modelé par de nouvelles fureurs
Avec d'anciennes intentions
Jusqu'à ce qu'on ne distingue
Plus qu'une sorte de bouillie
Puisque c'est ainsi
Que les tristesses finissent
Lorsqu'elles trébuchent
Sur un morceau de vent rôti et saignant

01 novembre 2023

Famines

Et à nouveau
Découper la nuit
Plus sèche et plus dure
A chaque fois
Progresser parmi les miettes
Qu'elle produit
Enfoncer son couteau
Jusqu'à l'aube
Peut-être trouverons-nous
Un peu de rosée
Pour y tremper quelques morceaux
Même si ce genre de nuits
Ne se laisse plus attendrir
Alors découper la nuit
Et la jeter aux canards et aux cygnes
A tout ce peuple qui la parcourt depuis les airs
Et qui se moque de la façon
Dont nous moissonnons le jour
Et qui se moque
De nos famines

01 octobre 2023

Chaque matin

Chaque matin
Est une déclaration de guerre
Les effrois rutilants
Lustrés de nuit
Fument à l'idée de se jeter
A la gorge
Des vexations, des frustrations, des fureurs
Promises par le jour qui s'ouvre
Chaque matin
Est une escalade vers la colère battue en neige
Jusqu'au soir
Occupé à compter ses morts
Infesté de cris et des râles indistincts
Echappés dans la nuit alentour
Poursuivis par des escouades ivres de jour
Incontrôlables
Prêtes à les dévorer
Avant qu'ils n'atteignent
La lumière
Le jour
La prochaine guerre

01 septembre 2023

Des lumières en sauce sombre

Des lumières venues des contrescarpes du soir
De celles qui se sont laissé glisser
Dans les boues d'un jour poisseux
Qui ne pourront
Rejoindre et gravir les escarpes d'en face
Poursuivre leur chemin
Leur promesse de scier du végétal
Ces lumières condamnées
A errer dans la boue
Ces lumières soudain poilues
A se frotter les unes aux autres
A se lancer à la gueule leurs envies de surgir
A les cogner et à les fracasser
Et à les ramasser dans la glaise
Et à ne pas voir qu'elles s'enlaidissent
A mesure qu'elles se les jettent à la figure
Ces visages terreux et grotesques
Qui feront rire les soirs
Lorsque ceux-ci se promèneront sur les remparts
Au sommet des fortifications
Au bras de la nuit
Au-dessus de ces lumières en sauce sombre

02 août 2023

Truffe

Regarder cet homme
Promener son chien
Le laisser prendre de l'avance
Puisqu'il semble décidé
A débusquer
Quelque chose du soir
Au détour de la rue
Plus loin
Là où tu ne t'aventures plus
Le laisser aller prendre des nouvelles
De ce coin-là
Voir ce qui s'y passe
Un aboiement peut-être
Permettra de déterminer
Si tout est encore en place
Comme autrefois
Encore faut-il connaître 
Cette langue des aboiements
Celle qui la connaissait n'est plus là
Et d'ailleurs
En y regardant bien
Cet homme qui promène son chien
Part à l'assaut de la terre et du soir
Avec un animal
Qui rapporte des oiseaux
Qui a l'habitude d'avoir les crocs plantés
Dans les nuages
Que saura-t-il trouver ici
Au détour de la rue
Parmi les gravats et les poussières
Lui qui frotte sa truffe au ciel plutôt qu'au sol

01 juillet 2023

Vieux soir

Elles prennent appui sur le vent
Ces grandes et vieilles futaies
Elles se raidissent sur cette béquille
Elles se mouchent dans le ciel
Cette friture de bruissements
Ruisselle sur nos tables du soir
Et nous dînons d'un peu de bleu
Ravi par elles
A ces hauteurs azurées
Avant qu'elles ne s'éclairent de nuit
Puisqu'elles prennent appui sur le vent
Leurs murmures expectorés parviendront
Jusqu'à vous
Plus tard
Lorsque les grandes et vieilles futaies
Chez vous
Auront été dépouillées de leurs habitants
Partis à l'assaut d'une nuit plus vieille

01 juin 2023

Nuit vagabonde

Le soir
Est une taupe
Dans la gueule
D'un chat sauvage
Où avait-il fallu
Le poursuivre
D'où avait-il surgi
Combien de courses-poursuites
De ruses et de pièges
Peut-être avait-il 
Valdingué dans l'air
Histoire de jauger
S'il se montrait
D'humeur joueuse
Avant de lui planter
Les canines
Dans son gris
Et de faire monter un peu de rouge
Celui qu'il gardait jalousement
Celui qu'il avait chapardé
Aux aurores et aux aubes
Le soir
Est une taupe
Dans la gueule
D'un chat sauvage
De retour
D'une nuit vagabonde

01 mai 2023

Une fois sorti des palais brumeux

De quelle manière
Eventrer le matin
Après avoir passé la nuit
A courir les palais brumeux
A sa recherche
A remonter sa piste
Constituée des miettes de l'aube précédente
Celles qui ont été
Rincées et esquintées
Par le jour, ses éclats et ses pluies
De quelle manière
Fendre le matin par le milieu
Lui qui a passé les heures sombres
A se dérober, à filer
A travers le marbre assombri
Lui qui a multiplié les fards et les masques
Lui qui a enfilé dans sa fuite éperdue
Des étoles volées à la nuit
De quelle manière lui ouvrir le ventre
Si ce n'est après des cavalcades et des épuisements
Si ce n'est d'une main sur son épaule
Et de l'autre sur la lame
En lui murmurant quelque chose
Qui ressemble à une invitation
Celle de réfléchir à ce qu'on ferait ensuite du jour
Après lui
Après l'avoir accueilli de la sorte
La dague en main
Alors qu'il s'échappait des palais noirs
Et qu'il pensait être tiré d'affaire

03 avril 2023

De retour des tourbières

Ta façon d'empoigner
Le silence
De lui faire rendre gorge
De t'assurer qu'il n'ira pas
Bavasser ailleurs
Se répandre
Monter celle et celui
Qui reviennent
Les bottes crottées
De leurs vies en tourbières
L'une contre l'autre
Ta façon de le saisir
Alors qu'il croyait
Pouvoir s'assoupir entre eux
S'allonger
Se reposer
Prendre du temps
Auquel celle et celui
De retour de territoires
De fumées humides
N'ont pas eu droit
Ta façon de lui montrer
Que tu as appris
A renifler
Les pas de loup

01 mars 2023

Forteresse

Le ciel
Avait le calme
Sur l'horizon
D'une boucle de cheveux
Sur ton oreille
On pouvait faire les fiers
Jouer à celle et celui
Qui attendent le vent
De pied ferme
Qui tirent avec frénésie
Sur quelques cordages à leur portée
Qui tripotent leurs lunettes foncées
On pouvait parler
De tout ce qu'on ne connaissait pas
Et surtout des tempêtes
Des nuages qui reniflent
Des pluies de mucus
Seulement voilà
Ensuite le vent s'est levé
Et il a fallu se répartir
Les tâches
Pour défendre
La forteresse
Guère plus épaisse
Qu'une boucle de cheveux
Sur ton oreille

01 février 2023

De ce côté-ci des ennuis

Je me suis équipé
D'une feuille morte
Pour traverser une flaque
Et atteindre le trottoir d'en face
J'ai fait provision de soleil
Et lorsque l'heure fut venue
De regagner le côté demeure
La feuille avait cassé
Le soleil avait disparu
Le sombre s'était emparé de la rue
J'étais déséquipé
A regarder des ombres et des esquisses
Que je devinais puisqu'elles devaient représenter
Ces gestes qui me maintenaient en vie
Quelques heures auparavant
De ce côté-ci des ennuis

01 janvier 2023

Dans de l'eau claire et du vinaigre

La truffe au sol
Chercher les ennuis
Dans les feuilles et la bave
Remonter la piste
Contre le vent
Et le soleil
Déguisé en zèbre
Au fond des bois
Humides et crus
Par les forêts
Propices à héberger
De bien beaux ennuis
Qu'on ramènera chez soi
Qu'on lavera
Dans de l'eau claire et du vinaigre
Qu'on disposera
Dans un bocal spacieux
Tout le confort nécessaire
A les conserver et à les élever
Jusqu'à ce qu'on les déguste
En bonne compagnie
Un de ces soirs
Rapiécés, sombres et velus
Au fond d'une saison
Qui chante
Faux, à tue-tête et en haillons

02 décembre 2022

Echouage

Un coin de ciel
D'océan
S'est échoué
Au-dessus
De nos hâtes râblées
Il n'a pas eu le temps
De sécher
Déjà une tempête
D'une grosse voix geôlière
Le désensablait
Pour le ramener
Au-dessus
D'autres êtres précipités
Et confits de suées
Même si
Un coin de ciel
D'océan
N'appartient à personne
Ni même
A l'horizon

21 novembre 2022

Provisions

Faire des provisions de jour
De ces morceaux de lumières
Tombés au sol
Avec un peu de malice et d'adresse
On arrivera encore à éclairer
Des chagrins et leurs cohortes
De fourmis misères
On réussira à réunir de la munition
Puisque la nuit et ses milices
Se pressent tôt désormais
A taper sur les barrières de l'horizon
Dès la fin du jour
A pousser, à se faufiler
Jusqu'aux pieds de nos citadelles de soie
Qui sans lumière
Périssent sans oxygène

13 octobre 2022

Moisson

Les plénipotentiaires de l'ombre
Les marchands de pénombre
Qui pèsent la brume et l'obscurité
Sur la balance d'une fin d'été
Ces grandes mains sombres
Caressent les branches d'un peuple
Déjà réfugié sous terre
Cette sombreur aux gestes amples
Est la dernière moisson
Celle du jour
Celle de ses éclats
Entassés dans des remises, des hangars
Et des granges qui nous accueilleront
Pauvres, dépouillés, errants et hagards
A dormir sur un lit de lumière
Lacérée en paille

06 septembre 2022

Aux fumées

Les nuages rappellent aux fumées
Qu'ils possèdent
Le droit de vie ou de mort
Qu'ils décident de leur sort
Peu importe la raison
De grosses mains boursoufflées
Qui s'abattent sur de petits doigts grillés
Depuis le ciel vers la terre
Venues des espaces amples là-haut
Sur des territoires étriqués là-bas
La puissance simple de l'air et de l'eau
Précipitée
Sur les tracas minables
Et les disputes pouilleuses
Le souffle bleu, élevé
Qui fissure le rot fétide
Les nuages rappellent aux fumées
Qu'elles restent soumises
A leur bon plaisir

13 août 2022

Revenir demain

D'où vient-il
Ce vent
A visiter la ville
A s'enfiler partout
Pas vraiment chaud
Même un peu frais
Ce visiteur du soir
Qui l'a envoyé
Depuis quels horizons
Quel est cet affamé
Qui vient ronger
Les façades sèches
Et lécher les poussières
Que nos sandales
Faute de sable et d'océan
Essaient de faire danser dans l'air
Pour séduire le jour qui tombe
Et faire en sorte qu'il veuille
Revenir demain

01 juillet 2022

Sabots

Par les chemins
Avec ses sabots de pluie
Elle partait à la conquête
De chaque flaque
Elle construisait un royaume humide
Défendu par une armée de gouttes
Elle prit du repos
Pour contempler ses terres détrempées
Elle sécha ses sabots
Tant et si bien qu'elle se retrouva
Pieds nus et privée d'empire
Avec pour seule promesse
Le règne des poussières