Entrer dans tes cheveux
C'est entrer dans une cathédrale
L'ombre et la lumière
Y bousculent des parfums anciens
Et frottent de vieilles tombes
Aux dalles effacées
Entrer dans tes cheveux
C'est prier ce seuil
Et demander de le franchir
A chaque fois que la chaleur
Rend inhabitable
Ta peau couleur de désert
Le périmètre des carburatrices
Evoluer dans un mélange d'air et de combustibles
mardi 6 avril 2021
Seuil
jeudi 1 avril 2021
Déplumées
Cette forêt
Est une échine
Qui frissonne déjà
Avant d'avaler
Tout cru
Ce soleil
Que nous pensions
Robuste
A tenir tête aux ténèbres
Même à ce qu'il en reste
Après qu'une flottille de corbeaux
Organisés en rameurs
Leur ont dépecé
Le bout des intentions
Cette forêt
Est une échine
Qui frisonne encore
Parce qu'elle digère
Un soleil
Empoisonné
De ténèbres déplumées
mercredi 17 mars 2021
Hippopotame
L'hiver est un crocodile
En bottes de paille
Il nous laisse croire
A nos rêves
De pyromanes
Ce n'est pas
Avec ce qu'il nous reste
D'été effrité et poussiéreux
Au fond des poches
Que nous pourrons
Lui enflammer les pattes
Le printemps peut-être
Lui enverra un hippopotame
Une de ces grosses bêtes
Qui ferait même peur
A une armée de flocons
Le printemps peut-être
Occupé encore
On ne sait où
jeudi 18 février 2021
Des yeux
mardi 5 janvier 2021
Au fond de la rivière
Quelques âmes agiles
Se sont laissées prendre
Au fond de la rivière
A mains nues
Et nous les regardons
S'agiter dans notre seau
Et dans le froid piquant
Nous faisons mine
De jouer à ne rien voir
Alors qu'il s'agira de décider
Bientôt
Ou les estourbir
Ou les rôtir
Nous reportons ce moment
Et nous faisons tourner
Dans l'air
Quelques prénoms inconnus
Peut-être s'approcheront-ils
Du seau
Peut-être alors
Se feront-ils gober
Nous ne faisons rien d'autre
Que monnayer
Un peu de répit
Un peu de temps
Nous ne faisons rien d'autre
Que jouer
A nous laisser prendre
Au fond de la rivière
A mains nues
mercredi 23 décembre 2020
Litières
Se lancer aux trousses
De ce qui bouge
Mordre au hasard
Moudre un peu de poussière
Et la régurgiter dans un coin de ciel
Les nuages sont des chats
Affamés d'horizon
Tandis que nous pataugeons
Dans nos litières
lundi 16 novembre 2020
Insatiable
Alors que le soir
Descendait
A travers les longues plaines
Blanchies
Alors qu'il était
Une robe de chambre
Qui prenait ses quartiers
Sur un vieux corps
D'herbes froissées
Alors qu'il courait presque
Vers un fauteuil
Volé à l'été
Tu ramassais
Des fagots d'intentions gelées
Et tu ne savais pas
Que seuls les désirs
Lorsqu'on les frappe
Les uns contre les autres
S'enflamment
Tu resteras seul
Avec tes brindilles
Abandonnées
Au soir
Ce chien insatiable et joueur
La gueule au vent
mercredi 14 octobre 2020
Promesse
Le ciel a promis
Qu'il envoyait
Des nuages
En plénipotentiaires
Avant toute chose
Ce n'était
Rien tant
Rien d'autre
Que sa grosse main
Velue et grise
Elle dégouttait ici
Venue d'on ne sait où
Poisseuse des chagrins
De pauvres contrées
Ravagées auparavant
Le ciel avait promis
Pourtant
Qui est assez sec
Encore
Pour le croire