28 février 2012

La planète HD 209458b

Soudain
Tout là-bas
Il apparut
Que quelqu'un
Laissait la lumière allumée
De manière intempestive

Une bringue
Une baby-sitter apeurée
Un apéritif dînatoire
Sur HD 209458b
Le domaine des possibles
Semble muni de guitares électriques

Espace

- Aujourd'hui, il faut sortir!
- D'où?

Complicité

Dans un désert
Une route
Au bord
Une masure
Avec
Un ponton abrité
Dessus
Un buriné penché
Sur une canette de soda

Il attend
Là au milieu de tout ça
Que la dernière bulle
Dans la chaleur, la poussière et le vent
Expire

Les rapaces limitent leur déplacement d'air
Comme de la complicité

Sur son visage

Ses doigts passent
De ses rouflaquettes douces et anorexiques
A sa peau tendre et parfumée

Assez vite
On reconnaît le caractère exceptionnel
D'un périmètre

Grand ouvert

Comment ne pas la réveiller
Comment ne pas exiger sa vie, ses rires et ses souffles
Comment ne pas tout allumer
Comment ne pas foutre de la musique
Comment ne pas sortir les côtelettes et rentrer le ventre

Dans ce peu de temps qu'il me reste
Agitons nos corps
Dansons
Buvons
Pétons
Rotons
Appelons l'aube
Réveillons l'aurore
Qu'elles se radinent hirsutes
Parce que nous avons tout chambardé

C'est beau la vitesse
Mais tout passe rapidement
Avec elle

22 février 2012

Résidence du silence

Lorsque tu choisis le silence
Pour apparaître
Mes espoirs résident
Dans le froissé mat
De la chute de tes vêtements

Parole de quincailler

Tu t'agitais
Parmi tes nouveaux objets

Pourtant

Tes cheveux restaient immobiles
Un boulon de plus
A notre amour

C'était toujours ça
Parole de quincailler

Séchage

Au fond des vallons
Avec elle
Brasser des caquelons

Et faire sécher les mèches
Du vieil alcoolique au bout du bar

L'aube sera inquiétante

Au retour de la lune

Il avait un air bien touffu
A trafiquer des mains dans ses poches en lin
On aurait dit qu'il étouffait discrètement des mulots
En réalité
Il nous avoua
Qu'il avait claqué tous ses cigarillos
En revenant de la lune

Peignoir

Enfiler son peignoir
Demande de la concentration

En relevant la tête
Par la suite
On y voit plus clair
Dans le decorum 

Après avoir fait le ménage
Au fond de son peignoir
La solitude perle
Aux frontières de nos carcasses

Nos mentons

Le vrai méchant
Celui qui parle lentement
L'as du syllabaire

Au sommet de son art
Il agite sa manche
Il embaume l'air

C'est bon de le capturer
De pouvoir entraîner
Dans le frais binôme
Geôlier et otage
Pour de vrai
Le gouzigouzi 
Sous nos mentons

13 février 2012

Sous les pieds

En tapant fort sur la croûte d'un lac gelé
Peut-être que ces feignasses de truites
S'exciteront un peu
Et réveilleront les terres australes
Tout là-bas dessous

L'aube à Beyrouth

Etait-ce la tarte aux légumes
Ses mains gercées
Sur sa nuque douce

Soudain le mot
Beyrouth
S'est imposé

Ecouter l'aube s'ébrouer
Assis dans un lit
Du quartier de Rmeil

Ce soir
Il saurait où se diriger
Après s'être brossé les dents

10 février 2012

Ristretto

Tu es venue déposer
Un ristretto
Et très vite
Dans le premier wagon de l'après-midi
Je n'ai plus eu envie
De retourner au Ministère
Stimuler des statistiques

La masse compacte des sourires pressurisés

L'arracher aux carcasses des sourires pressurisés

Lui signifier

Elle là-dedans
Le monde si sombre là-dehors
Mes pantalons sans poche
Pour y foutre des lampes

Dans mon tombeau

Dans mon tombeau
Au fond de l'Atlantique
Entre trois squelettes
De marins-pêcheurs
Je distingue les traits des avions de ligne
J'imagine les tailleurs sombres
Les petits pains au jambon
Les talons qui cadencent les trots
Je tends l'oreille
Vers cette vie sidérale
Qui ne pense généralement
Qu'à atterrir

Nos vies poisseuses

Arrangeons-nous un peu
Avant de parler à l'océan

Remettons de l'ordre dans nos cheveux
Ce sera suffisamment la foire
Lorsque les embruns
Voleront en pagaille
Et teinteront nos vies poisseuses

08 février 2012

Endormie

Tapi dans l'obscurité
À respirer son parfum

Elle qui fait de la nuit un soir éternel

À écouter ses respirations
Comme on prend les marées
Le goût de la mer avec son rythme
L'envie de la terre avec son corps

Attendre son bras
Ou sa main
Même son doigt
Au matin
Pour la rejoindre

Ohé

La savoir loin
Le savoir perdu

Personne à sa recherche
Il agite sa canne
Ses bras battent l'air

Il y a beaucoup d'humanité
Dans les gestes d'un mauvais oiseleur

Contrôle fiscal

Autour d'une table ronde
Au fond d'une gargotte
Ils lacéraient leurs pizzas
Ils préparaient leurs phrases
De "contact clientèle"

Dans un groupe de trois
Il y en a toujours
Un
Qui parle plus fort
Un
Sur qui s'abattront
Les contrôles fiscaux

07 février 2012

Soumission

S'évanouir
Dans le parfum de tes cheveux
Et subir
Toutes les opérations
Que tu jugeras nécessaires

Entre le touffu et le nu

À nous chauffer d'écorces
Dans cette masure
Entre le touffu et le nu
Nous nous entraînions
À enfiler
Puis à enlever
Nos robes de chambre
Nos chemises de nuit
Nos tenues d'intérieur
Nous exercions
Avec application
Le glisser des étoffes

Lentement

Lentement
L'humanité
Poussée d'on ne sait où
Glissait
Après avoir longtemps penché

Taupes

Ils arrivent
De leur gros laser
Ils fouillottent
Loin à la ronde
Désormais
Nous adoptons
Un rythme de taupes

Un lynx

Dans son ventre
Il y avait un épais brouillard
J'aimais m'y rendre
La peur au ventre
D'être surpris par un lynx
Entre deux nappes

02 février 2012

Les laids

Ils tripotaient
Mutuellement
De leurs gants de laine
Sales
Les franges de leurs blousons tachés

Ils enfilaient leurs langues
Tantôt à travers une barbe de miettes
Tantôt entre des rais de luisance capillaire

Leurs cavités buccales
Se confondaient
En touffeurs
De tabac et de glucose

Leurs sourires mécaniques
Crevassaient leurs épidermes gris

Les laids imposaient
Leurs effusions
Dans le ballet des trains régionaux

Grand ouvert

Il habitait
Une demeure
Grande ouverte
De vents et de brises

Tout y rentrait
Tout y tourbillonnait
Tout y retournait les esprits

Plus moyen
De partager
Un vrai moment
Avec une bergeronnette