30 décembre 2013

Sur nos têtes

Le ciel enragé
Qui bave
Et nous
Tout en bas
Tellement
Tout en bas
Avec nos petits
Pistolets
Et nos pétoires
Qui ne font péter
Que nous
Tandis que tout là-haut
On l'ouvre
On sort la langue
On se caresse les dents
Et on rote sur nos têtes

Quand tu

Quand tu ne montres pas
Tes dents blanches
Tout va mieux
Le monde
S'apaise un peu
Quand tu ne souris pas
Tout est plus calme
L'équilibre
Revient peu à peu
Quand tu n'expliques pas
Tes projets
L'air pétille
Le vent fait des bulles
C'est bien
Quand le contemporain
Se tient tranquille
Quand il la ferme
C'est un éclat de lumière sèche
Sur des pourritures humides

On dirait comme un dimanche

On dirait
Comme un dimanche
Les enfants jouent
Avec le chien
Sans muselière
Dehors tandis que dedans
On dirait aussi
Comme un dimanche
A caresser
Le top dix
Des tendances
On dirait
Définitivement
Comme un dimanche
Avec ses petites pauses
Entre deux vomissements

26 novembre 2013

La question du bisou

A une Nouille martienne

Ils jouaient
A la pause-café
En agitant
Leurs épais et gros
Gants blancs

Ils cherchaient
A modeler l'air
De leurs pattes dodues
Ils vouaient l'entier
De leurs excitations
A muscler
Leurs phalanges

Puisqu'il leur faudrait
Dresser des voies rapides
Piquetées de lampadaires
Sur Osiris

Ce ne sera pas évident
En orbite
Autour de HD 209458
Avec leurs vieilles mains
De 154 années-lumière
De farfouiller correctement
Avec les bons gestes
Dans la constellation
De Pégase

Et puis surtout
Il restait la question
Opiniâtre et lancinante
Du bisou
Géant et gazeux

Occupation de l'hiver

Rentrer du bois
Sortir du plastique
Crépir nos intérieurs
A grandes giclées
De feu
C'est une intention
Qui vaut celle
De broyer
Quelques châtaignes
En vermicelles

Chaude mélodie

On entendait
Sous nos pieds
Les taupes palpiter
Tandis que les rayons
Du crépuscule
Descendait
Sur les places
De travail
Informatisées

On entendait
Sous nos pieds
La terre fendue
Par le milieu
Se convulser
Tandis que
Des courriers électroniques
Je répète
Des courriers électroniques
Traversait les océans

On balbutiait
C'était un bruit
C'était un remplissage
C'était une mélodie
Chaude

14 novembre 2013

Poulet au citron

On a eu du poulet
Avec du citron dedans
Et voyez
Comme le monde
S'emballe
Au milieu du repas
Il nous sembla
Vivement
Qu'il avait fallu
Davantage de temps
Au citron
Pour parvenir
A maturité
Qu'au poulet

Morceaux

Derrière leur comptoir
Elles ressemblaient
A des morceaux d'astres
Eclatés et venus
Du fin fond de l'espace
D'une explosion lointaine
D'une fête ancienne
Elles luisaient d'un éclat fané

22 octobre 2013

Ta langue

Ta langue dans ma bouche
C'est un sous-marin
Dans un verre d'eau
Nous sommes à la merci
De celui ou celle
Qui aura soif

A la poursuite de nos désirs

Je me lançai
A la poursuite de nos désirs
En chemin
Tu m'as tendu
Un croque-en jambe
Je me suis étendu
Au bout des parfums
De la ville
Pendant que je ramais
A la surface d'une flaque
Je m'aperçus
Que la cité
Avait été prise
Par un autre
Un seigneur
Un prince
Un Monsieur
Un de ceux-là
Gonflé
De tulle et de métal
Tandis que nos désirs
Se faisaient péter le foie
A la taverne

Les moisis

Elle sépare
Le brouillard de la brume
Elle organise les feuilles
En troupeaux

Elle demande
Aux moisissures
D'accélérer
Et de faner
Le temps
Avec la conviction des levures

Elle plonge vers nous
Qui avons perdu nos miettes
On dirait une pelle
Dans un gros pain rond

19 septembre 2013

Plus tard

J'aimerais
Me souvenir
De tes doigts
Dans la confiture
De cette danse 
Simple
Lorsqu'il faudra
Argumenter
Nos interdictions

Liquette

J'ai cru que déjà
La neige s'emparait
De nos paillotes
Alors qu'en réalité
Tu respirais fort
Tu baroudais
Sous ta liquette
Alors qu'en fait
Tu esquissais
A traits grossiers
Les joies
De quelques artificiers
Les principes
D'une poignée de bateleurs
Les battements de cils
D'un ramassis d'enchanteurs

Fleurs fripées

Comme des fleurs fripées
Progressons
Jusqu'à l'aube
Tentons l'aurore
Avec les gouttes
De rosée
Que nous arracherons
En pressant bien
L'un contre l'autre
Le soir et la nuit

31 août 2013

Conserves

Elle a mis
Sa rivière
Sur son dos
J'étais 
Poisson-pilote
L'hiver allait taper sec
Il faudrait gagner
L'hémisphère sud
Ce matin sur l'écluse
Il faudrait apponter
Et charger des conserves
Toutes ces choses
De première nécessité
Que nous n'arrivons pas
A avaler
Dans leur crudité nue

Chevelures

Les chevelures
Jetées
Dans les carrefours
Filets de nuit
Tandis que
Devant des chignons
Nous nous permettons
De jouer les saumons
De remonter des trucs fluides
Nous abusons
De notre gabarit
Plus gros
Que ces mailles
En chasse immobile

Les Suzanne et les Raymond

Comme
Quelques Suzanne
S'effondrent devant
Quelques Raymond
La nuit fouillait
Dans sa boîte
De premiers secours
Et personne
N'avait procédé
A la mise à jour
Des pansements

La nuit
Permet encore
Sous ces latitudes
Aux Suzanne et aux Raymond
De foncer
L'un contre l'autre
De s'élancer
D'un souffle
Long et puissant
Comme
L'obscurité barrique

08 juillet 2013

Appâter la nuit

Elle courait
Dos nu
Escarpins à la main
C'était notre manière
A nous
Planqués
Derrière un buisson de flacons
D'appâter la nuit
Une fois dans nos filets
Nous pourrons
Sans doute
En tirer
Quelques escalopes
Pour subsister
Dans le jour
Sous la canicule

Insecte mort

J'assistai
Aux derniers mouvements
D'un insecte presque mort
Sur ta joue
Vous trembliez les deux
Comme un arbre frissonne
Avant la pluie

12 juin 2013

Chausson aux pommes

Vivre
Comme on  mange
Un chausson aux pommes
Préférer les morceaux entiers
A la compote
Vivre
Et prendre ses pantoufles
Pour des bottes
De sept lieues

08 juin 2013

Les miettes et les étoiles

Il plantait son nez
Dans les étoiles
Comme on vautre
Ses manches
Sur un comptoir
Maculé de miettes
Les soirs de houle
Une fois debout
Il en transportera
Quelques-unes
Dans les coins obscurs
De sa vie

07 juin 2013

Débarbouillage

L'aurore a vomi
A voir la journée
Qui nous attend
Précipitons-nous
Vers l'horizon
Avec nos gants
De toilette
Débarbouillée
La lumière
Restera peut-être
Claire jusqu'au soir

Apparition à Volketswil

Elle est apparue
A Volketswil
Parmi les signaux
Lumineux et propres
Sa crasse
Claquait haut dans le matin
Elle est apparue
Au milieu des carreaux
Et des tissus perspirants
C'était l'acné
De Volketswil
Nous l'attendions
Avec nos petits doigts
Agiles
Et nos lotions abrasives

05 juin 2013

Bouffeurs de nuit

On a mal tiré
Sur la nuit
On a visé
Comme des saligauds
Après quelques battements d'aile
Elle s'est effondrée
Dans les fourrés de l'horizon
Impossible
Pour nos crétins de clébards
De la débusquer
De savoir par où
Elle avait fui

Aujourd'hui
Alors
Nos assiettes
Seront remplies
D'aurore et de lumière
Il faudra s'en contenter
Nos visages
Sombres et rances
Tirent déjà la gueule

Les jours de calme

Il a glissé
Dans l'escalier
Qui menait à la cave
Il a glissé
Et il est mort
Alors qu'il s'apprêtait
A remonter
Deux ou trois
Petits sacs de joie
Qu'il avait entassé là
Pour les jours acides

04 juin 2013

Flottement

Te voici dans l'existence
Comme le poil de queue
D'un naturiste
Dans le vent d'ouest
Tu cherches la mer
A contre-courant
Enfin il faut bien
S'occuper un peu
Pendant que sous l'eau
Parmi les baudroies et les méduses
On déploie
Des stratégies nucléaires

Nos caresses

Nos caresses
Aimaient
Mentir
Enfin plus exactement
Raconter n'importe quoi
Faire croire à des expériences
D'épices et de voyages
Alors qu'il s'agissait
Surtout
De sortir les poubelles
Et le faire correctement
C'était déjà
Bien, beaucoup et intense

Le matin et l'allumeuse

Le matin
Ne fait plus
Aucun effort
Il se balade
En parka
Bleu marine

Et toi
Petite allumeuse
Tu sors
Flambant neuve
D'une nuit
Electrique
Que tu as
Lacérée
De tes ardeurs

19 mai 2013

Désherbants

Seras-tu
Capable
De dresser
La mousse
Touffue
De l'amour
Que j'ai pour toi
Dans cette saison
Si sèche
Et abandonnée
Aux désherbants

Vies parallèles

C'est bon
De se balancer
Des fruits pourris
Hurler
Pisser au vent
Bien au frais
Sur les rives
De nos vies
Parallèles

Des êtres

Des êtres
Se déploient
Et claquent dans l'air
On dirait
Des coups de trique
Leurs gestes fébriles
Définissent
Ce que tout ça
Est devenu
Tranquillement
Comme on saccage
Une fourmillière

24 avril 2013

Voyages

Partir à la recherche
De ces saveurs
Oubliées
Enfin pas tout à fait
Partir
Récupérer le goût
Partir
Dire à tous les coins de la Terre
Notre soif et notre désir
Partir éprouver nos carapaces
Comme on étire un après-midi
A l'ombre d'un palais de Téhéran
Partir avec toi
Et apprendre
Et s'émerveiller
De ton âme et de ton corps
Qui se déploient
Dans l'air et dans la vie

Vieux rappeur

Chercher
Notre sexe
Immense
Doré
Et trompeur
Au milieu
De notre immonde
Survêtement
Et lorsque
Nous l'aurons trouvé
Ah ah ah
Nous mènerons
Notre monde
A la baguette

La mort du vent

Le vent
Se faufile
Dans la maison
Il crie
Petit mammifère
Il hurle
Il vient se réfugier
Les sons
De celui à qui
On a serré les viscères
On a tailladé une patte
On a fendu une oreille
Il a perdu son souffle
Il se faufile
Il vient mourir
Au pied du lit

La pluie toute nue

Le matin
Volait
De toit en toit
Comme une hirondelle
Rapiécée
Les résidences
Préparaient les soupes
La ville se pliait
Aux formules de politesse
Presque sans effort
Dans ce vide
Et de je ne sais où
Ce petit air
Ces notes
Notre mélodie
Des jours
Où la pluie
A nouveau
Venait à nous
Toute nue

16 avril 2013

En jumbo jets

Ce matin
Nos désirs
Voyagent
En jumbo jets
Et frottent
Leur panse métallique
Aux nuages
Mousseux et pétillants
Que tu avais
Copieusement
Fouettés

Nuit sans soleil

Une nuit sans toi
C'est une nuit sans soleil
Normal
Et
Insupportable

Cerises

Elle se baladait
Dans nos coeurs
Ces pays sans arbres fruitiers
Elle se promenait
La robe
Relevée et chargée
De cerises

Nous mettions
Nos mains à couper
Puisque c'est tout
Ce dont nous disposions
Qu'elle ne portait
Rien
En dessous

11 avril 2013

Dans la nuit

Sa démarche
Dans la nuit
Longue et libre
Une herbe
Qui danse
Avec les embruns
Et soudain
Nous récupérons
Le goût

07 avril 2013

Dans la pénombre

Mettons un pied
Dans la pénombre
Et frissonnons
Au contact
De cette vase collante
Qu'est le parfum
D'une nuit confisquée

06 avril 2013

Sa colère

Sa colère
Affûtée
Comme des tessons
Jonchait
En copeaux de fête
La salle de bal

Les chevaliers
Les princes
Les ducs
Et les marquis
Toute la clique aveuglante
L'avait écartelée

Dans le silence crépu
Des tourne-disques
Sa rage
Et sa fureur
Cherchaient
A se reconstituer
En section d'assaut

A retrouver ce corps
Dont elles étaient les bras
Pour frapper des mains
A tout rompre

03 avril 2013

Le doigt

Le doigt
Crispé sur la détente
Comme une botte de joie
Embourbée dans le bonheur

Vestiaire

Il attendait
De la vie
Qu'elle lui apprenne
A danser
Avec des carcasses charnues
De bétail paisible
De faune fourbe
Cependant
Elle ne donnait plus
Depuis son grand chagrin d'amour
De telles leçons
Qu'importe
Il attendra
Au vestiaire
Il patientera
Jusqu'à la fin
Du premier mouvement
Il attendra
Que l'air s'arrête
Pour tenter sa chance
Pour formuler
Une invitation

Le cuir à même la peau

Le matin
S'avance
Comme un solo
De guitare électrique
A la fin d'un concert
Chargé en petites culottes
Le matin fait le fier
La nuit
Ce taureau noir
Recule devant le matador
Qui porte le cuir
A même la peau

Gangrène

Réussiras-tu
A fourrer ta langue
Au fond de la nuit
Comme nos doigts
Au bout de nos gants
Lorsque l'hiver
Se décidera
A tronçonner
Ses bras
Rongés de gangrène

Son rire

Je ne me souviens plus
De son rire
Il s'enfuit
Par des chemins
De terre
De poussière
Et de boue
Comment
Sautillait-il déjà
C'est bien
Tu te rappelles
Au moins du rythme
Son rire
Ce souriceau
Qui a appris
Trop tôt
A échapper aux rapaces

28 mars 2013

Halète

Comme un animal surexcité
Rentre dans sa vie
Ronge les bas des meubles
Tire sur les nappes
Pisse sur les rideaux
Lacère les placets
Imagine des proies invisibles
Qui te font cavaler
D'un étage à l'autre
Ensuite de ça
Au milieu de la dévastation
Qui tombe en flocons
Comme un animal surexcité
Reste
Halète
Et montre ta langue rose et râpeuse

24 mars 2013

Lignes

Viens te poser
Dans le creux
De ma main
Pêcher
Un peu
A la ligne

20 mars 2013

L'hiver et le printemps

L'hiver rouvre
Sa braguette
Oh tu vois
Le printemps
Aime ça
Semble-t-il

Avant l'aube

La nuit 
Avance
Elle traîne la patte
On dirait
Qu'elle est blessée
Je crois
Que le brouillard
Réussira
A l'avaler
Toute crue
Avant l'aube

Par sols boueux

Son sourire
Est un châle
Qui s'accroche
A son rire
Après la pluie
Par sols boueux

16 mars 2013

Bazar

A force
De grignoter la nuit
Les étoiles
La feront tomber
En papillons de cendre
Sur nos corps éteints
Alors toi
Reste debout
Près de la clairière
Sois prêt à bondir
Avec ta chandelle
Et rallume-nous
Ce bazar

12 mars 2013

Les tringles

Quitter la lumière
Avec le toucher anecdotique
D'une épaule
Qui se départit
D'une robe de nuit
Et avancer dans la pénombre
Semblables à quelques doigts
Qui prennent de vitesse
Une culotte
Dévisser
Les dernières tringles
De nos sommeils

A l'avant de sa colère

Elle fonce
A l'avant de sa colère
Comme on donne
Son visage aux embruns
Comme on se presse
A la proue d'un navire
Et nous
Qui avions joué
Les connards
Au fond de l'eau
Qui avions gaspillé
Des torpilles
Qui ne savions
En réalité
Comment mettre le feu
Qui ne maîtrisions pas
Ou à peine
L'art de l'explosion
Nous les salopards
Elle nous fend
Par le milieu
De l'avant
De sa colère

Jolies danseuses confites

Jolies danseuses confites
Qui éclairez
Nos nuits basquaises
Rappelez-nous
Comment faire
Pour vous inviter
A jeter nos têtes
Hors du parvis
Des cathédrales
Et tremper de pluie
Nos courages
De poussière et d'encens

06 mars 2013

Les farines de nos forces

Saupoudrer
Des éclats de jour
Sur son pain noir
Et le tendre vers elle
Puisque c'est
Tout ce dont nous disposons
Puisqu'il s'agit
Des farines de nos forces
Mélangées
A l'eau de nos larmes

Soudain

Elle sortait
De son véhicule
Commercial
Gris
Tout-terrain
Ainsi que l'abeille
De quelques corolles
Froissées
Et nous flippions
Au comptoir de la droguerie
Au milieu
De nos flacons d'insecticide

Cette main ou l'autre

Peser ses mots
Avec cette main
Ou l'autre
A la fraîche
Sans chichi
A la manière
De nos grands-mères
Privilégier
L'odeur et le goût
Aux mathématiques

28 février 2013

Inextricables

J'appelai
Chaque nuit le matin
Chaque matin la nuit
Ils ne me répondirent pas
Ils durent être
Hasardai-je
Dans des positions
Inextricables

Les obsidiennes

Tu me tiens au creux
De tes mains
Locataire de tes paumes obsidiennes
Je crains
Les augmentations de loyer

23 février 2013

De la poussière à nos lèvres

Nos midis
Effrités
Nos appétits
Elimés
Nous portons
A nos lèvres
De grandes cuillères
De poussière
Nous avalons
Le goût
De nos amours
Vomies

21 février 2013

Ruissellements

Son prénom
A elle
Lacérait
A la manière
D'un petit rongeur
L'intérieur de son corps
A lui
Il bondissait
Désorienté
Il déchirait
Il crevait
Il rebondissait
Pourtant
Il restait prisonnier
Il mourra ainsi
En ruissellements intérieurs

19 février 2013

Quand vient la nuit

La nuit est tombée
Sur nous
Avec la patience
D'un chat sur une taupe
Au milieu d'un champ de neige
Au début
Il y a même eu
Une légère excitation
Pour fêter le royaume des ombres
La bête a bondi
Et s'est arc-boutée en l'air
Tandis que sous nos pattes
Tout restait gelé
Les profondeurs
Se refusaient à nous

16 février 2013

Le chien du temps

Attendre
Devant la porte de nos rêves
Que la même seconde
Se présente encore
Celle qui nous avait jeté
Des bons bâtons de bois
A poursuivre, lécher et rapporter
Vivre de ce fol espoir
Attendre
Comme le chien du temps

Précuite

Pour la consommer
En petites portions
De jour comme de nuit
Elle confectionne
Sa vie
En lasagnes
Elle hâche bien tout
Surgèle les étapes
Elle l'a partagera
Et l'autre
Hâté et vagabond
Gourmand de synthèse
Ne relèvera pas
La supercherie

08 février 2013

Lâchée des mains

Une tasse
S'effondre
Percute
Eclate
Et devient
Le plus précis piquet
Pour baliser
Le temps qui passe

L'encens immobile

La vie
Comme un boulevard
Terminé par une cathédrale
Solitude des comptoirs
Tirés de fer
Esseulés dans la progression
A travers la nef
Nous entendons
Dans les confessionnaux
Râles, soupirs et pleurs
Il est probable
Que l'encens immobile
Finisse
Par nous prendre de vitesse

04 février 2013

Langue

Passer sa langue
Sur les paupières collées
Du jour endormi
S'enorgueillir
De le réveiller
Alors que ce matin
Il est peut-être
Mort

03 février 2013

Braises

Escortée
De braises
Elle venait
Cautériser
Nos chagrins
Elle venait
Nous prendre
Dans ses bras
Ce n'était pas compliqué
Pourtant
Elle seule
Y avait pensé

01 février 2013

Crépuscule

Nous nous précipitions
Vers le crépuscule

Assoiffés
De ce que le jour
Avait bu dans nos larmes

Et nous plantions
Nos canines
Dans ses mâchoires
De citron

31 janvier 2013

Papillote

Le jour
Mijote en papillote
Vers midi
Il commencera
À libérer ses parfums

En équilibre sur les bords de l'aube
Il nous ouvre l'appétit
Il aiguise
Ses grands couteaux de lumière

30 janvier 2013

Le Chinois

J'aimerais
Rencontrer
Le Chinois
Qui a collé
Les semelles
De mes pantoufles
Là-bas
Entre trois poulets
Et cinq poissons-chats
Nous irions
Danser le menuet
Voir Guignol
Et draguer
Légèrement
Des inconnues

Te rappelles-tu

Te rappelles-tu
Cette ville
Qui se refusait à nous
Ces façades laiteuses
Même la chaleur
S'était mise
A courir
Te rappelles-tu
Nos respirations
Dans ces rues
Hérissées
Contre nos assauts
Te rappelles-tu
Comment nous avons fait
C'était la cambriole de nos désirs
Nous avions si peu de temps
Chaque geste comptait
Nous nous aimions
Et nous songions pourtant
A rester efficaces
Nous avions si peu de temps
Oui
Avant que nos soupirs
Ne soient repris
Par le ronronnement
De l'obscurité
Te rappelles-tu
Cette ville
Qui se cabrait
Sous nos caresses

22 janvier 2013

Frein à main

Arrêtez le monde
Ne tirez même pas
Le frein à main
Nous descendons
Nous enchaînons
Les gestes lestes
Nous claquons la portière
Il continue sa route
La radio diffuse
Des airs amples
Et des commentaires sportifs
Nous l'écoutons
S'éloigner
En roues libres

19 janvier 2013

Croquer

Tu croquais
Des oreilles de porc séchées
La nuit pissait dru sur nos choix
Ils sentiront fort au matin
Nous devrons les lessiver
Pour l'instant
Le Wang Wang Blues
De Fletcher Henderson
A pris possession
De nos corps affamés

15 janvier 2013

Bergers

Les souvenirs
S'égaient
S'éparpillent
S'échappent

Sans clochette
Impossible de les rattraper
Il faudra siffler
Nos deux Pyrénées

Tandis que nous resterons
Avec les rares et les plus mous
Qui n'ont pas filé
A travers les collines

Au milieu de leurs guenilles de chaleur
Nous brandirons nos petits canifs
Contre la nuit et l'alcool
Qui tenteront
Immanquablement
De nous les reprendre
En multipliant
Les attaques surprises

14 janvier 2013

Rivière

La piste hésitait
Entre l'ocre et le rouge
Nous descendions
Vers le soir
Nous raclions
Nos semelles de nuit
Sur les poussières du jour
Nous crachions en vain
Contre notre chemin
Nous imaginions
Humidifier
La vase sèche
Qui sépare le crépuscule des ténèbres
Nous rêvions de limons et de rivière

12 janvier 2013

Odeurs

Choisir le maquis
Choisir la limite
Plutôt que le territoire
Choisir les arômes
Choisir l'odeur du tabac
Emprisonnée
Dans les mailles d'un lambeau
Arraché à la vie que nous avons effrayée
Plutôt que la combustion
Et à la manière d'un archéologue
Remonter aux prémisses des désirs
Qui ont fait de nous des hommes

05 janvier 2013

Pâtisseries

Nous ne briserons pas
La vitrine du boulanger
Mais
En fin de compte
En bout de piste
Nous nous écraserons
Tout de même
De tout notre long
Sur les pâtisseries

04 janvier 2013

Saupoudrage

Le soleil
Fait le môme
Il lime ses dents
Contre les cimes
Pas envie de sortir ses jouets
Préfère saupoudrer
De poussière d'or
Les arêtes
Qui nous empêchent de voir la mer
Préfère nous mentir
Encore un peu
Jusqu'à midi

03 janvier 2013

Réveil

Les rivières
Gonflées du vomi
D'un jour beurré
Ne réussissent pas
Ce matin
A tirer la lumière de leurs lits
Elle s'écoule
Cassée de blanc
Et passe son manteau
A l'envers
La rosée glacée trempe alors
Sa doublure
Composée d'étoiles
Si fragiles et perméables