24 décembre 2016

Les baisers chauves

Il l'aimait
Comme on passe
Sa main dans ses cheveux
Il prenait possession
Des territoires hirsutes
En quelques coups de paume
Il avait l'allure au poing
Il redonnait de la décence
Aux fins d'après-midi d'été

Jusqu'à ce que le tempo
De leurs fougues ébouriffées
S'essouffle en baisers chauves

Désormais
Ils se rendent
Chez le coiffeur

Retenir la lumière

Retiens
Comme tu peux
Le jour
Distrais-le
Raconte-lui
A peu près
N'importe quoi
Utilise ses propres ruses
Enfume-le
Sors le matériel pyrotechnique
Avec le faux brouillard
Barre la sortie à la lumière

Pendant que tu gagnes du temps

Ici nous amenons des camions-citernes
Nous déversons du kérosène
Sur des bâtisses en ruine et du bois mort

Nous allons tout faire flamber

Nous nous enivrerons de notre propre jour
Nous boirons notre propre lumière
Nous apercevrons
Dans les braises, dans leurs danses, dans leurs ascensions
Tout ce que le jour nous a pris
Tout ce que nous avons tant aimé