27 décembre 2011
Drague
Comme on soulève des taupinières séchées
Du bout de la botte
Les mains aux poches
Et très vite
Le regard posé sur l'horizon
21 décembre 2011
Accrochés
Un humain cassé
Le dictateur obèse
Serait-ce
Dans l'obscurité
Ou la pénombre
La mort
Serait-ce
Dans nos verres
Ou nos assiettes
Cette aversion soudaine
Pour les poissons sans tête
Pour le vin norvégien
La mort
Serait-ce
Sous les comptoirs
Cette hésitation
Ou ce renoncement
Pour les mains baladeuses
Pour les doigts randonneurs
La mort
Dans l'obscurité
Ou la pénombre
L'absence de nos corps
Dans nos gestes
Serait-ce
La mort
15 décembre 2011
Les pièges à cons
- Des pièges à cons.
- Il faut de la persévérance pour capturer des cons.
- Il faut du talent pour les rendre gaga.
Les scieurs
Comme il n'y a plus de sucre
Voici les végétaux
Dans la splendeur de leur âpreté
Allons scier quelques plots de béton
C'est une décontraction
L'heure du thé
Et réapparaître à l'heure du thé
Le tout dans ces façons de cavalier
Est de ne pas oublier
Les petites cuillers
Sur les côtes
Debout dans sa Jeep Willys
Sur les côtes africaines
Il poursuivait le soleil
Surexcité
Il lâchait à intervalles réguliers
Des cris
Il tirait des rafales vers l'immensité et le néant
Voici ce que l'Occident produisait
Voici ce que les offices injectaient
Dans les révolutions
La transpiration déglinguée de débiteurs déracinés
Anévrismes
Il espérait équilibrer les pressions
Engorger des secteurs
Noyer des sections
Assécher des zones devenues hostiles
Il se concentrait sur ses anévrismes
Surtout le soir
Lorsque la soupe envahissait les soupirails
Monsieur le Marquis
La forteresse est assiégée
Faites préparer mon aéroplane
Nous bombarderons depuis le ciel
13 décembre 2011
Agrippés à nos alcools
Nos rentrées nocturnes sont bruyantes
Le tintamarre est féroce
Qu'ils arrivent donc
Bardés de lumières et de métaux
Depuis UDFy-38135539
Par-delà la constellation du Fourneau
Et qu'ils nous laissent pantelants
Agrippés à nos alcools
A poil, ça risque de gratter
De l'océan
Du soleil
Et du vent
Alors forcément
Quant il l'ouvre
Vaut mieux être équipé
A poil, ça risque de gratter
Regardons-les gaspiller leurs libertés
Alors qu'au fond de la vieille jungle
Princes et princesses
09 décembre 2011
Sans visa
Demander l'asile à sa nuque
Exiger la protection de son odeur cambrée
Il l'aimait comme ça
Il pénétrait en elle
Avec une absence totale de visa
A la renverse
Sans gaspiller son lait chaud
Sans éparpiller ses tartines
Voilà qui permettrait
De redresser bien des situations
Lorsque l'espace aura des bureaux
Foutait les chocottes
Nous nous rendions très bien compte
Que chez ces gens-là
Nous n'aurions pas intérêt
A paumer un numéro de dossier
Si d'aventure il nous prenait l'envie
De contester nos décomptes fiscaux
Escarpins
Répit
On rivalisait d'ingéniosité dans les marinades des travers de porc
Bientôt, tout ce qu'on avait envoyé
Croisera des trucs
Intersidéraux
Bientôt, du fin fond des voies lactées,
Des machins se pencheront sur notre cas
Il n'est pas sûr
Alors
Que s'accrocher au grill suffira
Jürg
08 décembre 2011
Grands éclats
Rire n'est pas disponible
Alors tapons-nous la tête contre les murs
Ou pissons aux culottes
07 décembre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 10
06 décembre 2011
Comme une crise de nerfs
Nous étions hypernerveux
Les structures métalliques
Bruissaient de dossiers
Des cloques se formaient
Dans les mocassins
Des ressources humaines
Visions
Crocodile
Il requit l'attention
De deux charognards
De trois vautours
Et d'une paire de chacals sans queue
A moins que ce fût sa ceinture en crocodile austral
Qui stimulât les concentrations
Et il ne plaisantait pas lorsqu'il s'agissait d'ériger des acuités
29 novembre 2011
Dès lors
Comme on tirait sur un soda
Creusant ses joues
Des convulsions
Des aspirations
Tout un tralala
Les bonbonnières
Avec l'aisance du soleil
Qui se lève en inondant nos espoirs burinés
Tandis que nos gorges croient savoir chanter
Dans l'excitation du froissement des petits papiers lumineux
Granny Smith
Parce que les prunes légères volent mieux que les pommes
A la fin de la nuit
Il n'avait toujours pas de confirmation
Ce météore, qui bavassait sans doute au fin fond de l'univers
Prenait son temps
Il le faisait languir
Comme on espère le souffle d'une robe de bal
24 novembre 2011
Hémisphère nord
Parmi ces étals
Il y avait tes seins
Tu m'accueillais au-dessus de l'équateur
22 novembre 2011
Charmeoffensive aus der Bank
Dans ces courants d'air otorhinolaryngophagiques
Ou phagiaques
Ou phagiens
Il aspirait quelques nénettes
Qui miraient leur ego au milieu du cercle d'or de ses lunettes
Un vieux groupe d'Allemagne de l'Est
Distillait "Charmeoffensive aus der Bank"
Dans les écouteurs d'un toxicomane
Un peu plus à l'écart
Derrière nos assiettes
Nous ne le savions pas
Nous étions de petites choses fragiles
De petits êtres qui faisaient saliver
La vie et ses sénateurs
Et le programme était clair
Il faudrait bientôt
Manipuler des couverts en plastique
Et trouver ça bien
21 novembre 2011
Pépé Paul
Pépé Paul filait sur la cantonale
Il regardait droit devant lui
Il était sûr de son bon droit
Pépé Paul allait au marché
Ou en revenait
On ne savait pas au juste
Nous le regardions filer
Nos corps jeunes, malades et tapis
Au fond de notre véhicule surbaissé
Tentaient de ranimer nos mégots
Nos langues débusquaient les dernières gouttes de nos canettes
Puis nos yeux revenait sur Pépé Paul et son allure de bon droit
Nous pensions à son plan retraite
Nous pensions à ses efforts
A l'origine de sa droiture
Et puis nous accélérâmes
Et nous coupâmes Pépé Paul dans son élan
Nous cassâmes ses droites trajectoires
Nous l'éparpillâmes
Désossé sur la chaussée
Pépé Paul n'était plus au complet
Nous sortîmes de notre bolide déglingué
Nous prîmes nos bites dans nos paumes
Nous surprîmes le croisement jaune de nos urines
Pépé Paul, que n'avez-vous regardé
Dans le caniveau
Dans le fossé
Sur les bas-côtés
17 novembre 2011
Wagon
J'actionnais un arrêt d'urgence
Je balançais son appareil hors du wagon
Maintenant un trépané parlait aux taupes
Dans le bruissement des feuilles mortes
Voici la voirie et ses stigmates
Au pied d'un piquet à neige
Se réjouir de sa phosphorescence
À trois heures du matin
Dans les rugissements de la voirie
Lorsque le soleil sera haut sur l'horizon
Des empreintes dentaires circuleront
Au milieu de bâtiments d'acier
Dans les mains d'êtres frêles
Friands de cafés viennois
Ou de préparations tout aussi spectaculaires
En cheminant à l'extérieur de ces capsules
Nous repenserons à notre piquet à neige
Nous répondrons aux signes muets
D'un vieillard s'adressant à sa carafe
Nous préparerons
La transition
De l'incandescence à la phosphorescence
Ivres de l'absurde désir de commander aux flocons
13 novembre 2011
Sapristi
Il mit ses chaussettes neuves
Il enfila son vieux bonnet
Il laça ses chaussures épaisses
Ainsi équipé
Il était prêt à faire un usage fréquent
Dans les salons de thé de la ville
Du mot "sapristi"
12 novembre 2011
11 novembre 2011
Les petits plats
- Tu n'huiles rien du tout. Tu finis ton potage et tu files au lit.
11.11.11 à 11.11
Très parallèle
Très droit
Je foutais la merde
Je me penchais
Je me courbais
Pour te réveiller
D'un baiser
La chemise
Arrivée par courrier rapide
Et chercher ton parfum
Ensuite
Se mettre en route
Comme on traverse le désert pour de l'eau
Jusqu'à ton puits
Et la remplir de toi
Sortie
La porte s'ouvre
Pas même un grincement
Ralentie et silencieuse
Comme celle d'un sas
Le soleil lèche déjà
Le dallage
Bientôt
Il atteindra nos pieds
A nouveau
Nous piccotons
10 novembre 2011
Les vautours
Ils viennent haut sur le continent
Ils survolent nos pourrissements
Ils ont senti nos allées et venues putrides
Ils nous scrutent cachés derrière le climat
Les excités face au silence
Le cosmonaute et le touriste
09 novembre 2011
Extractions
Des bandes armées
A bord de voitures effilées
Interceptaient des véhicules surélevés
Principalement sur les voies rapides
Elles en extrayaient leurs conducteurs obèses
Avec l'agilité de la fourchette
Qui va cueillir l'escargot
Cuit dans sa sauce
Recroquevillé dans sa coque
Blocage
Sans la racine de son numéro d'assurance vieillesse et survivants
Disaient-ils
En pressurant leurs compères-loriots sous leurs lunettes
Or donc
Elle allait devoir s'équiper
Pour sonder les couches bathyales
De l'administration fédérale
Du temps de la station Mir
Elles s'échangeaient leurs bibis
Dans les cagibis
De la station Mir
Dans l'air
Il ne restait plus que l'odeur de tes cheveux
Elle flottait dans ce café
Comme des altocumulus castellanus
Elle annonçait un dérèglement
08 novembre 2011
Le congrès
L'aède renversa son verre sur le gilet du rhapsode
Le rhapsode se leva et bouscula le trouvère
Le trouvère rata son soufflet qui atteignit le troubadour
Le troubadour prit le griot sourd-muet à témoin
Le griot sourd-muet mima six sizains obscènes
Bref, ça dégénéra sévère
La sécurité menaça de sortir les sloughis
Dans la chambre à côté
Le monde monte le son
Le monde piccole
Le monde baise
C'est difficile de se concentrer
Dans la chambre à côté
Alors qu'on essaie de mettre au point une fusée
Pour se barrer
Au train des blaireaux
Puis on s'est saoulé
En ouvrant nos thermos
On est rentré à pieds
Puis à quatre pattes
Comme des blaireaux
Les chaussettes du sénateur
Contre des vitrines d'un luxe international
Comme des guêpes, prisonnières d'une bouteille de soda
La passe est étroite pour sortir de là
Me disais-je en caressant mes chaussettes reprisées
De belles chaussettes ocres et cendrées
Des chaussettes de sénateur
07 novembre 2011
Le gnome et l'obscurité
Hurla le gnome sous sa casquette
Dans la nuit
Des rafales tracèrent des lignes
A sa rencontre
L'obscurité rappelait qu'il ne fallait
Quand même
Pas trop la prendre pour une conne
A l'horizon
Pente
Ne ventilent plus comme avant
Du temps de la laine douce
Tirons sur nos inhalateurs
Avant les dépendances
Et leurs serrures compliquées
Virées nocturnes
Dans la nuit noire
Il empruntait les petites routes
Franchissait les sauts-de-mouton
Arrivé chez la demoiselle
Il passait par les sauts-de-loup
S'introduisait dans sa chambrine
Retroussait son saut-de-lit
Et il la sautait
Tout simplement
Saurisserie
Surtout après ses heures à la saurisserie
Et qu'il promène ses cheveux poisseux
Sur son corps avide
A terre, elle vivait dans la famine de son marin
Elle se consolait sous les mains d'un technicien
05 novembre 2011
Son rappeur
Rouge
27 octobre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 9
Jocelyne F. commença à pleurer. Elle contamina deux autres collaborateurs. Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions, tournait rapidement la tête de gauche à droite. Et il craqua.
- C'est quoi ce bordel? Quel est le petit con qui s'amuse à ça? Je vais vous foutre un avertissement disciplinaire collectif si personne ne se dénonce.
La voix de Jean-Jacques K. retentit à nouveau, immense, de nulle part.
"Ecoutez, on va dire que personne ne s'opposera aux lenteurs de la procédure sur les dossiers des ressortissants de la République démocratique de Z. s'ils sont, disons, traités en bout de file. De toute manière, il y en a tellement, si ça peut faire passer le message. Qu'ils se calment un peu, qu'ils restent chez eux. Ouais, c'est ça, le mieux serait qu'ils restent chez eux, mais faut pas rêver."
Entre deux reniflements, Jocelyne F. articula quelque chose en direction de Monsieur le Conseiller général P.
- Monsieur, je crois que ce sont les murs.
- Hein?
- Ce sont les murs qui se mettent à parler.
Le petit microcosme des salariés de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions eut un mouvement vaste, sec et simultané, semblable à celui des bancs de petits poissons blancs à l'approche d'un prédateur.
Ils avaient compris. Les murs se mettaient à parler.
Nous nous mettions à parler. Nous avions choisi de leur renvoyer leur image sonore. Mais ce qui les inquiétait probablement le plus, c'était la menace qui planait désormais sur leurs petits secrets.
- C'est du délire! Nom de Dieu, c'est du délire! Appelez-moi les flics! Non, appelez-moi le préfet! Et faites évacuer le bâtiment. Renvoyez tout le monde à la maison.
Jean-Jacques K. et les autres collaborateurs semblaient tétanisés.
- Exécution! Vous attendez qu'on vous prenne par la main?
La masse du personnel s'étendit sur la Place du Général D., à la manière d'une coulure de peinture épaisse. Les véhicules d'intervention commençaient à se disperser. Visiblement, le tireur avait été coincé dans la cave d'un marchand de vins et liquidé. Il aurait menacé les forces d'intervention et tiré en rafales contre la porte pour les empêcher de pénétrer dans la pièce. Les agents avaient balancé une grenade lacrimogène pour le déloger. Un coup serait parti d'on ne sait trop où pour atteindre l'homme en pleine tête. Enfin, c'est ce qui se disait dans la foule qui se remettait en mouvement.
A l'intérieur du bâtiment du Service de l'encaissement des contributions, dans la salle principale qui abritait la section "Contentieux Ouest", Monsieur le Conseiller général P. avait pratiquement oublié la tuerie. Il avait d'autres soucis. Le téléphone sonna. C'était le préfet.
Accédez à l'épisode suivant
26 octobre 2011
Chez la Fée
Il ne faut pas crier
On est chez la Fée
Et chez la Fée, il ne faut pas lui parler fort
Même si on a envie de faire la grosse voix
Parce que la Fée se croit tout permis
Parce qu'elle fait la fière dans ses habits neufs
Parce qu'elle exagère sur les tours qu'elle connaît
Surtout lorsqu'elle dit qu'elle peut marcher trois centimètres au-dessus du sol
Et c'est même pas vrai
Ou bien cinq peut-être
Elle change tout le temps
Chut
Il ne faut pas crier
Sinon plus de pain doré pour le goûter
Le soupçon
Décrocher son téléphone
Tenter de joindre la station spatiale internationale
Utiliser de façon intempestive la touche redial
Soupçonner ce qui nous attend
Moisissures
Des noms disparaissaient des listes de ressources humaines
Tandis que la ville s'égrenait
Dans le flou de ses contours
Clignotait la nourriture
Les alarmes des friteuses retentissaient
Simultanément
Parmi ces hurlements
Devant les comptoirs
L'intérieur des survêtements moisissait
25 octobre 2011
Centrisme
Sonner chez la voisine qui pose dans les catalogues
Et lui mettre la main dans la culotte
Est-ce une façon de voter centriste
Guimbarde
24 octobre 2011
Mousse et flans
La mère supérieure
Les frères convers
Les pères capucins
Tapèrent sec dans la mousse au chocolat
Et personne n'avait de cabas
Pour faire provision de flans à la supérette
Lampes témoins, etc.
Elle, sur le port
Frôlant les embarcations sophistiquées de puissants armateurs
Nue dans sa démarche
Probablement sous sa robe aussi
Légère comme le silence de l'aube
Comment attirer son attention
Songea-t-il
En mettant à terre un porte-revues
Raté
Appeurée
L'aurore s'enfuit
Méloés
Les buses de la corniche
Dans le soleil niais d'automne
S'amusaient à bouffer des méloés
22 octobre 2011
Vautrés
J'ai tendu les bras vers toi
Plus moyen d'attacher nos chaussures
Nous nous sommes vautrés
A pleine vitesse
Poires
Attendre
Le déclin du soleil
Le refroidissement du pare-brise
Et puis assis dans l'obscurité
Ne plus savoir que faire
20 octobre 2011
Solange
- Ta gueule! Je ne t'emmerde pas quand tu fous les gaz, les couilles sur ta Vespa.
- Solange, c'est une Honda.
Et puis les pâtes restèrent un instant en suspension, comme des méduses ensanglantées.
C'était
Une mouche
Pendant que l'humanité s'affairait
A lui ressembler sur terre
Rentrons
Il n'y aura pas d'entracte
19 octobre 2011
L'île
Pendulaires
Manifold
Lorsque les fluides ne tombaient plus
A travers les parois, à travers les étages
Vers 4 h du matin à première vue
Tu réveillais tes mains sur mon corps
Tu trouvais le manifold de nos extases
17 octobre 2011
Position du corps
Probablement une taupe
Se tordait à ses pieds
Dans des convulsions
D'origine chimique
Les mouches ralentissaient
Les ruminants reprenaient l'avantage
Le soleil éclairait la totalité des cabines
A travers les machines agricoles
Dans les villes
On commandait davantage de civets de lièvre
Fallait-il se pencher en arrière
Puisque la Terre penchait en avant?
13 octobre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 8
Jean-Jacques K. semblait "vraiment avoir les foies", selon une description sommaire émanant de Jean-Claude E. Les rangées parallèles de néons, au plafond, faisaient briller son front humide. De sorte que Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions, avait sous les yeux, à hauteur du nez, le crâne clairsemé de Jean-Jacques K. Un petit marécage de cheveux collés, semblables à des roseaux morts en stagnation.
Jack et John
Et d'une flexion de casse-noisettes
Broyer les guêpes venues siroter
Dans leurs creux poplités
Ces formules liquides, sucrées et secrètes
Jack et John riaient ensuite adondamment
Sous la table
Ses jambes penchées dans les soupirs de son corsaire
La constance d'un voilier arqué sur l'océan
Seul dans ses pas de gymnastiques
Il assistait à l'effondrement tranquille et méthodique
De son allure eschatologique
Pendant ce temps
Contrôle
A un muscadin qui tend des muscadines
A ma nana
Lors de notre voyage de noces au dix-huitième siècle
Et puis procéder à un contrôle général à l'éthylomètre
Une odeur
Planaient au-dessus d'elle
Tournaient
Aéraient leurs ramages
Les hommes moissonnaient
En bas
Les hommes dansaient
Les oiseaux noirs et bruns
Enivrés d'air
Imaginaient les saveurs de son être
Son odeur de peau fraîche
En un rideau d'ailes
Ils s'abattirent sur elle
Elle s'effaça dans des poussières céréales
06 octobre 2011
Le concierge
Ses allures de mojito
Dépravaient les soirs respectables de brume
Il n'économisait pas ses spasmes gutturaux
Lorsqu'il atteignait la perspective
D'entamer Madame la concierge
La cage d'escalier ruisselait des extases
De celui qui commandait aux débrousailleuses
Tandis que le compost s'affaissait
Après le petit-déjeuner
J'ai recueilli la pluie avant qu'elle n'atteigne ton orangeade
Des lacs ont inondé mes mains
Tu t'es baignée dans ma paume
L'été s'éternisait
ADMINISTRATIONS - Episode 7
Instinctivement, les salariés de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions, s'éloignèrent des fenêtres et se regroupèrent vers la machine à café, toujours défectueuse bien évidemment. Vers les vivres en quelque sorte.
Lorsque Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions, déboula dans les bureaux en bousculant les portes à rabattement automatique, certains tripotaient des dosettes de sucre, tandis que d'autres mâchouillaient des bâtons agitateurs.
Jean-Jacques K. et "le boss", comme le qualifiait régulièrement Jocelyne F., s'enfermèrent dans le bureau du chef de section. Monsieur le Conseiller général P. faisait de grands gestes. Jean-Jacques K. bougeait lentement la tête.
"C'est les grands spécialistes! Ils arrivent la bouche en coeur sans la moitié de leurs documents. Ah, ils ont ça dans le sang, cette bande!"
Monsieur le Conseiller général P. et Jean-Jacques K. ne bougeaient plus. De l'autre côté du bureau vitré, des gémissements épars provenaient désormais de la masse de plus en plus compacte des salariés autour de la machine à café.
Semblables à des astronautes, les deux cadres rejoignirent le centre de l'open space.
- Qui a dit ça?, murmura le Conseiller général P., d'un timbre que personne ne lui connaissait.
- C'est la voix de Madame F., renseigna Jean-Jacques K.
- Merde, c'est pas moi, j'ai rien dit. Putain, c'est vraiment pas moi! Jocelyne F. décompensait. Ses collègues s'en écartaient légèrement.
"Si j'étais toi, je le ferais attendre. Y'a pas de raison, ils se croient tout permis, cette équipe!"
C'était la voix de Jean-Claude E.
"Tu peux y aller! En dessous de la pile! Et pis cette veste en cuir qui pue, je te jure, quelle horreur!"
C'était la voix de Jocelyne F.
"C'est pas une mauvaise idée. De toute façon, ils vivent en groupe, c'est connu. Des immeubles remplis de ressortissants de la République démocratique de Z. Alors on en secoue un, il fera passer le mot, comme quoi faut pas non plus faire chier les impôts."
C'était la voix de Jean-Jacques K.
Du côté de la machine à café, des lèvres tressaillaient et finissaient dans un tremblement. On pouvait percevoir des sanglots. De plus en plus nettement.
- C'est quoi ce bordel?, articula tout doucement, en détachant les syllabes, Monsieur le Conseiller général P., penché sur l'oreille de Jean-Jacques K.
- Je sais pas, je vous jure que je sais pas.
Les deux hommes chuchotaient comme devant une grosse bête qu'il ne faut pas effrayer. Soudain, on a vu quelque chose dans les yeux de Jean-Jacques K. Il s'avança vers Jocelyne F., presque sur la pointe des pieds.
- C'est ce que je crois? Dites-moi que je fais fausse route, Jocelyne. Avez-vous la même impression que moi?
Alors il s'est passé le même quelque chose dans les yeux de Jocelyne F.
- C'est ça, gémit-elle, c'est notre conversation de la séance de stabilisation des coûts liés. Celle qui a précédé l'édition de la version finale du budget.
- Notre conversation d'il y a un mois, c'est bien ça?
- C'est ça.
- Nom de Dieu.
Jean-Jacques K. trottina vers Monsieur le Conseiller général P. Un peu voûté, comme s'il craignait une explosion, des projectiles, des munitions perdues.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
Rue des Perdreaux
04 octobre 2011
Il dit
Envie que des divisions aéroportées s'abattent sur moi
Il dit
Dysfonctionnement sévère dans ma défense contre-avions
Il dit
Mes fantassins sont des déserteurs
Il dit
Je me présente avec deux tartines dans le ventre
Il dit
Faites ce que vous savez faire
Il dit
Souriez comme toujours au-dessus de vos larges foulées
Il dit
Scandez les codes en vigueur
Il dit
Procédez à vos cérémonies mortuaires
Il dit
Je vous emmerde dans vos habits de gloire
Dans le froid et dans la nuit
Nous nous tiendrons rigueur
Nous nous aspergerons de combustibles
Nous jouerons à Ludo et Lola
De tactiques pyrotechniques
En estocades manquées
Nos indigestions de chocolat
Seront les toiles de nos rêves
Dans la peinture de nos draps
Nous ne seront pas beaux à voir
Peu importe
Puisque c'est désert
Donnons-nous la main
Les insectes nous précèdent
Déjà
Que fais-tu?
29 septembre 2011
Que
Ballerines
Te voir chausser tes ballerines
De l'index
Et entrevoir la possibilité de voler en marchant
Le soir se rapproche à vive allure
La pénombre se radine à grands pas
ADMINISTRATIONS - Episode 6
"C'est pas possible ce qu'ils peuvent être spéciaux, c'est un état d'esprit, les gens de la République démocratique de Z."
- Jocelyne?, avança Jean-Jacques K.
- Quoi? C'est pas moi!
- On aurait dit ta voix.
- Non, c'est pas moi.
- C'est leur machin dehors, hasarda sans conviction et mécaniquement Jean-Claude E. Il faisait référence à des porte-voix qui n'existaient pas car la situation se poursuivait en véritable chasse à l'homme dans les rues adjacentes à la Place du Général D.
"Moi, je peux pas, leur tête quand ils viennent au guichet, rien que ça, je leur foutrais des gifles, c'est plus fort que moi."
- Jocelyne, tu te calmes! Jean-Jacques K. s'aperçut qu'il hurlait.
- C'est pas moi, nom de Dieu, c'est pas moi!
Le personnel se resserra un peu. Mouvements de groupe imperceptibles à hauteur d'homme.
"Ils intègrent la nationalité? Ouais, ça me fait pisser aux culottes! Comme je dis toujours, ça fait peut-être un citoyen de plus, mais pas un ressortissant de la République démocratique de Z. de moins!"
Jean-Jacques K. avait observé Jocelyne F. au même instant. Elle n'avait pas desserré les mâchoires. Il n'était pas le seul à s'en être aperçu. Les salariés ne s'occupaient plus du tout de ce qui se passait dehors. Jean-Jacques K. décrocha son téléphone et souffla à la standardiste de lui passer immédiatement Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
Dans leurs brasiers
28 septembre 2011
Au garage
Jean-Claude
Comme on parle de l'Italie et des dragueurs, du Brésil et de la décontraction, de l'Allemagne et des saucisses.
Les deux pieds dans le folklore.
26 septembre 2011
Bar de gare
Dans leurs têtes, ils savaient ce qu'ils désiraient. Ils peinaient pourtant à se décider pour un latte macchiato ou un cappuccino, ou peut-être un dry caramelito spécial Nicaragua. Enfin, de la caféine festive pour célébrer le matin et les bruits de ferraille qui pesaient sur leurs âmes. Dans le soupçon général du dérèglement progressif des trajectoires générationnelles.
Au-dessus de ce vacarme feutré trônait la représentation d'une Italie de places Saint-Marc, de mobylettes, de costumes clairs et droits, de stylos en résine foncée et de caféine serrée. Au centre, une immobilité sombre, au regard hors-champ, une décontraction inespérée au-dessus de cet after de l'aube. L'homme de l'affiche dégageait une mélancolie agressive, entraînée à convaincre, à soumettre la dégustation.
Pourtant à la maison il laissait des traces au fond de la cuvette.
Pourtant at home il n'assurait pas régulièrement l'hygiène de son appareil génital.
Pourtant zu Hause il gaspillait l'eau.
Bars de gares, la parole muette des êtres d'affiche face au verbe magmatique des êtres de panmixie.
Bars de gares, brouhaha aphone.
25 septembre 2011
Rails
Les salariés en couple, individuels, en famille
Côtoient des cimetières au fond de micro-vallées
Tandis que des titres de transports
S'agitent au-dessus de calvities indéfinies
Autant de ferveur vers les mâchoires des poinçonneuses
Des offrandes à un dieu de la glisse
22 septembre 2011
Secousses
Posées sur le tableau de bord
Lui fit découvrir que rien en lui
N'était antisismique
ADMINISTRATIONS - Episode 5
Jocelyne F. justifia son appel à la sécurité parce que Benoît T. "avait dépassé les limites. On ne devait pas profiter de faire peur aux gens en blouson de cuir noir, comme souvent lorsqu'il s'agit de ressortissants de la République démocratique de Z., d'ailleurs". Deux hommes en uniformes vert de la compagnie C. s'étaient approchés doucement du "perturbateur" pour ensuite plaquer fermement son visage contre le comptoir. Ils le maintinrent les bras repliés dans le dos jusqu'au bas de l'immeuble. Ils restèrent en faction devant la porte tournante une demi-heure après avoir perdu "le contact visuel" avec le "fauteur de trouble".
C'est Jocelyne F. qui actionna le processus de dérivation du dossier de Benoît T. Les documents le concernant avaient ainsi été transférés dans une salle spéciale regroupant "les cas difficiles". Dès lors, un nouveau numéro de classement avait dû être créé, en complément du "numéro racine". En clair, et conformément à la procédure, tout nouveau mouvement du dossier devait être validé par une commission de cinq personnes avant de pouvoir être "quittancé". Dans l'ordre hiérarchique suivant: Jocelyne F., Jean-Jacques K.et les trois membres du Directoire opérationnel dont faisait partie Monsieur le Conseiller général P.
Quelques jours plus tard, un juriste indépendant, visiblement une connaissance de Benoît T., d'après le rapport de deux enquêteurs externes mandatés par la "commission spéciale", adressa une demande de révision du dossier. L'organe compétent émis à l'unanimité un "préavis négatif", motivant "un dénigrement agressif vis-à-vis de fonctionnaires d'Etat dans l'exercice de leur mission."
La section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions déferra ensuite le dossier au "groupe taxation à risque" jusqu'à "l'émission des décomptes finaux pour l'année courante."
Ce matin pourtant, sur les grandes dalles de béton ciré qui constituaient la Place du Général D., le dossier de Benoît T. "semblait connaître un nouveau rebondissement", songea Jean-Jacques K., en observant le déploiement des forces de sécurité vers le coupe-vent orange de la société Happiness is rising.
Visiblement, l'ensemble du personnel de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions ne semblait pas tranquille. Il ne s'agissait pas d'effroi face aux violences extrêmes en cours. Plutôt un malaise. Celui qui poursuit les familles traditionnelles jusque dans leur voiture, le samedi matin au retour du supermarché. Parce qu'elles ont cédé à d'autres familles leur caddie contre deux euros, alors qu'elles savaient que le chariot avait été déverrouillé avec une simple pièce métallique.
Nous connaissions ce malaise. Nous avions tout vu. Nous avions tout entendu. Nous avions assisté à tout. Nous savions pourquoi. Alors nous avons décidé de parler.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
Le ravitailleur
Au milieu des boîtes de conserves
Des haricots verts, du corned beef
Il ravitaillait en silence les gabions
Qui cueillent le gibier d'eau
A chaque accalmie
Clara lui apparut alors dans le brouillard
Comme l'autre soir lorsqu'elle mangea sa pêche melba avec désinvolture
A la table de ce restaurant de chochottes
Dans ce pays, les activités d'automne rendaient complètement cinglé
On était déjà le 10 octobre
Ou le 12
20 septembre 2011
Karl
En voyant ces mains, Karl pensait aux libellules survolant des étangs opulents, avant les prédateurs.
Karl les imaginait ensuite chipotant sur les corsages de filles de maison dans des chambres uxorilocales. Fécondes des sabayons précédemment détournés.
Karl savait qu'il s'agissait de la naissance d'un genre.
ADMINISTRATIONS - Episode 4
Le cas de Benoît T. s'était accéléré quelques semaines auparavant et avait rapidement dégénéré en "affaire". En clair, un sous-dossier avec numérotation spéciale avait été créé. Les courroies d'entraînement des systèmes rotatifs de classement, déjà surchargés, en bavaient. Ce qui avait justifié une intervention de Julien A., chef de la centrale d'achat du district. Dans un courrier électronique adressé aux ressources humaines et transféré à l'ensemble du personnel, il avait fustigé "l'insouciance crasse et récurrente de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions vis-à-vis du matériel et des infrastructures."
Jean-Jacques K., convoqué dans le bureau de Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions, avait failli perdre ses nerfs. Il estimait qu'il fallait "se donner les moyens administratifs d'appliquer les consignes réglementaires. Elles-mêmes servaient à contenir les débordements des contribuables, exponentiels à la dégradation de la situation économique." En clair, il fallait oser créer de nouveaux dossiers "dans un esprit proactif qui doit caractériser l'administration de demain."
Benoît T. avait ainsi "monstre foutu les boules à tout le monde", comme se plaisait à le rappeler la réceptionniste Josiane M.
Il y a environ deux mois, il était venu au guichet demander un arrangement de paiement pour des impôts échus depuis un an. Il souhaitait régler en neuf mensualités le montant de 1540 euros. Jocelyne F. avait expliqué qu'elle ne pouvait accorder que trois mensualités. Benoît T. avait argumenté qu'il était veuf avec deux enfants de 7 et 10 ans à charge et que son salaire d'automaticien, partiellement imposé à la source, ne lui permettait pas d'honorer de manière régulière l'ensemble de ses contributions. Jocelyne F. avait répété qu'elle ne pouvait accorder que trois mensualités. Benoît T. était "resté un moment silencieux, ce qu'on n'aime pas trop, si tu veux bien dire", avait ensuite précisé Jean-Claude E. qui assistait à la scène depuis l'île voisine de l'open desk.
Jocelyne F. avait terminé l'échange en signalant à Benoît T. qu'il recevrait "prochainement par courrier postal" des nouveaux bulletins de versement adaptés.
Quelques jours plus tard, Benoît T. remportait 2000 euros au loto national. Lorsque son compte fut crédité de cette somme, il effectua rapidement un versement unique de 1540 euros au Service d'encaissement des contributions.
La section "Contentieux Ouest" le rappela pourtant la semaine suivante, date d'échéance de la première des trois mensualités. "Ils" n'avaient pas reçu de paiement." Benoît T. s'en étonna vivement et expliqua sa démarche. "Mais vous n'avez pas utilisé les trois bulletins que nous vous avons remis?" Effectivement, Benoît T. avait jugé préférable d'effectuer son virement avec le bulletin qui mentionnait l'entier de la somme due. "Ce bulletin n'existe plus dans notre base de données, Monsieur. Les trois nouveaux bulletins ont été codés pour nous permettre d'assurer la traçabilité de l'arrangement de paiement qui vous a été octroyé."
Benoît T. s'était vite aperçu que personne, au sein de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions, ne pouvait précisément dire où se trouvaient actuellement les 1540 euros qu'il avait versés.
Benoît T. décida alors de revenir de sa propre initiative au guichet pour montrer la copie du bulletin qu'il avait utilisé. Ainsi le malentendu serait vite dissipé. "Ce bulletin n'existe plus dans notre base de données, Monsieur. Les trois nouveaux bulletins émis ont été codés pour nous permettre d'assurer la traçabilité de l'arrangement de paiement qui vous a été octroyé", lui répéta Jocelyne F.
Benoît T. franchit d'un pied en avant le cordon rétractable de sécurité devant les guichets. Jocelyne F. recula près de la destructrice de documents. "Ce bulletin n'existe plus dans notre base de données, Monsieur. Vos trois nouveaux bulletins ont été codés pour nous permettre d'assurer la traçabilité de l'arrangement de paiement qui vous a été octroyé", répéta-t-elle, plus fort et plus lentement, comme le font certains guides touristiques.
Benoît T.eut alors un geste. "Il a tapé sur le comptoir", rapporta Jean-Claude E. "Il a fait taper ses bagues contre le guichet", estima Josiane M.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
Au moment des mignardises
Il sentit comme une faim surprenante
Il avait à peine touché à son sandre
S'aperçut-il
Tout absorbé
Par la volumétrie des testicules envahissantes d'un landseer
Couché aux pieds d'un couple de quinquagénaires
Qui se faisaient mutuellement goûter leurs mousses au chocolat
19 septembre 2011
Les mirliflores
Dans les centres commerciaux
C'est un métier
C'est une technologie
Parce que c'est difficile
D'actionner par la parole
Les surfaces mafflues
Sur les visages repus
Des dandineuses et des dandineurs
En leur faisant palper de la savonnette
De celle qui sent
De celle qui leur rappelle le restogrill
La Provence emprisonnée dans les vécés des pétroliers
Sur la route vers leur eden préfabriqué
Face à la piscine, dos à la mer
Mirliflores en automne
Dans les centres commerciaux
C'est un métier
C'est une rectoscopie
Extraire
Des corps ruminant
Des caractères boueux
Le grognement de satisfaction
Recroquevillé sous l'avancée de septembre
17 septembre 2011
16 septembre 2011
Vers le soir
Ebouriffés d'étreintes
Nos corps lacérés de soleil
Dans la tiédeur du Costes
Neutralisaient la climatisation
En bas sur Saint-Honoré
Des moteurs diesel
Nous rappelaient les tapis silencieux
Des autoroutes de la Beauce
Nous descendions vers le soir
La nuit montait en nous
15 septembre 2011
Trois singes et deux haquenées
Le regard ancré au fond de leur corps trapu
Musclaient leurs grandes abajoues
Ils se préparaient à rire
Devant la nonchalance de deux haquenées
Qui piétinaient comme des connes
La surface fraîchement macadamisée
D'une aire de repos des Sables d'Olonne
Oh mon capitaine
Tu aimes fumer de la marie-jeanne
Sur ta marie-salope
En caressant
Les maries-louises toilées
Qui ornent les portraits de Marie-Thérèse, Marie-Vérène et Marie-Hortense
Tes trois tantes aux visages burinés
Tresseuses de paille
Des bois de Bénéjacq
Ecrasées par un poids lourd
Au bord de la D 345, le 21 novembre 1983 à 14 h 55
14 septembre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 3
Les fourgonnettes des principales chaînes de télévision commençaient à déployer leurs antennes paraboliques dans les rues adjacentes. Des êtres en tailleurs et en costumes, avec des cravates voyantes et des cheveux teints, couraient maladroitement. Ils ne savaient visiblement pas s'ils devaient rester debout ou se baisser.
Le "malade mental", comme reformulait Jocelyne F. collée contre la vitre, fit un grand geste du bras en direction du sas des distributeurs automatiques d'argent. Dans une chorégraphie similaire à celle des anciens semeurs-laboureurs bretons. Peu après, les vitres volèrent en éclat. Deux masses humaines titubèrent un peu en cherchant à s'extraire du brasier, avant de s'effondrer sur les débris.
Le coupe-vent imperméable orange se dirigeait maintenant vers une ruelle obstruée par des véhicules de médias. Une présentatrice n'eut pas le temps de s'abriter de la prochaine rafale. Le cameraman qui essayait de tirer le corps de la jeune femme à l'abri se fit également surprendre par un nouveau jet de grenade.
- T'as vu qui c'est, souffla Jean-Claude E.
- C'est ce jeune aux cafés, trancha Jocelyne F.
- Ouais, aussi, mais comment ce qu'il faut dire, c'est lui qui a débarqué l'autre jour au guichet.
- Me rappelle pas. T'as son nom?
L'échange avait attiré Jean-Jacques K. Il demanda si quelqu'un connaissait effectivement cet homme. "C'est le type qui a débarqué l'autre jour au guichet", ânonna Jean-Claude E.
Personne ne pouvait sortir un nom.
"C'était mardi, j'avais fait ma nouvelle teinture lundi, il la trouvait bien. C'est Benoît T.!", lança soudain dans un enchaînement Josiane M., réceptionniste à 50%.
Là, il y eut comme un bref arrêt, une coupure. De celle qu'on trouve parfois durant l'été, au fil des litanies électro dans les bars des plages varoises.
- Celui de la République démocratique de Z., hasarda Jean-Jacques K.
- Les bulletins codés, articula au ralenti Jocelyne F.
- Les préavis négatifs, enchaîna Jean-Jacques K.
- L'odeur de cuir mouillé, précisait Jocelyne F.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
13 septembre 2011
12 septembre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 2
Jocelyne F. se dandina vers les baies vitrées. Depuis que Juan, son petit-fils, lui avait offert des pantoufles de plastique mou, doux et rose, il semblait à Jean-Jacques K. que ce balancement rondelet du corps s'accentuait. "C'est le top pour mes maux de dos", avait-elle sifflé devant ses collègues.
Tant et si bien qu'au moins quatre paires de chaussures similaires se mêlaient maintenant aux traditionnelles baskets de nubuk du dress code administratif traditionnel et s'agglutinaient contre les parois vitrées pour regarder "ce que c'était au juste. Parce qu'on dirait vraiment comme des coups de feu."
Le silence s'empara soudain de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions. Sur les grandes dalles de béton ciré qui constituaient la Place du Général D., un homme faisait le vide autour de lui. Il tenait une arme de type AK-47, selon Jean-Claude E., apprenti au service de la calculation et "fan de jeux vidéo extrêmes mais bien réalisés."
Le tireur se tenait pratiquement arc-bouté, le dos cambré, la bouche ouverte. On devinait sa langue légèrement repliée. Jean-Jacques K. repensa alors à ces marsupiaux qu'il avait vu dans des reportages sur les chaînes spécialisées, durant ses insomnies. Ces animaux agiles se servaient généralement de leur queue comme balancier pour rétablir leur équilibre.
Il y avait déjà une bonne dizaine de corps à terre. L'homme tournait sur lui-même en arrosant les alentours. Des balles perdues se fichaient dans les murs de molasse de la vieille ville de B. L'ensemble des salariés de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions, désormais aux fenêtres, hurlèrent lorsqu'une balle éclata sur une des vitres blindées du bâtiment administratif, juste sous leur nez. Elle laissa une tâche irisée de verre pilé, rappelant "les moustiques qui s'éclatent contre le pare-brise sur l'autoroute", lâcha Jean-Claude E., qui étudiait actuellement le Code de la route en vue de l'obtention de son permis de conduire.
A nouveau concentrés sur la Place du Général D., les salariés aperçurent "le terroriste", comme beuglait Jocelyne F., qui se dirigeait vers le sas de distributeurs automatiques d'un établissement bancaire au nord de l'esplanade. La surface de béton ciré était désormais piquée de taches luisantes et rougeoyantes.
Cheminant dos aux baies vitrées de la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions, l'homme laissait apparaître le logo de la société de maintenance Happiness is rising, imprimé sur son coupe-vent imperméable orange.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
09 septembre 2011
ADMINISTRATIONS - Episode 1
Leur machine à café était tombée en panne. Depuis le début de la matinée, les humeurs se resserraient, à la manière des huîtres qui se rétractent lorsqu'on les titille avec une fourchette. On voyait les salariés se lever plus souvent, agiter des dossiers, claquer les tiroirs de leurs bureaux Lista.
On pouvait dire que la section "Contentieux Ouest" du Service d'encaissement des contributions était en effervescence. Jean-Jacques K., chef d'étage, prenait la situation très au sérieux. Tout pouvait lui "péter à la gueule", avait-il confessé dans un murmure pensif, devant la reproduction d'une eau-forte collée sur le bord de son écran d'ordinateur. Elle représentait un écureuil roux d'Eurasie. On se faisait prendre à chaque fois: on jurait que cet animal souriait. Alors qu'il ne s'agissait que d'un rictus de protection remontant de ses pattes agrippant une noisette encore verte.
Jocelyne F., secrétaire adjointe du Conseiller scientifique aux finances participatives, avait déjà pénétré trois fois dans son bureau. Car elle "ne comprenait pas pourquoi il peinait à solutionner la situation." Elle estimait que "c'était du grand n'importe quoi." Elle avait même évoqué le terme "rapport interne".
Il réitéra ses appels téléphoniques à la société Happiness is rising, chargée de la maintenance des machines à café des administrations publiques du district. Le collaborateur était toujours "en dépannage. Mais nous lui adressons de suite une notification d'intervention sur le guidage électronique de son véhicule, Monsieur."
Jocelyne F. était naturellement la subalterne de Jean-Jacques K. Les dispositions hiérarchiques semblaient pourtant éclater. La crise semblait soudainement hors de contrôle. Autour de certains îlots de l'open desk de l'étage, les pensées se lisaient pratiquement sur les visages. Et il était probable qu'elles réclamaient l'intervention de Monsieur le Conseiller général P., directeur du Service d'encaissement des contributions.
C'est à ce moment-là que plusieurs salariés ont affirmé percevoir des détonations à l'extérieur du bâtiment.
A suivre.
Accédez à l'épisode suivant
08 septembre 2011
ADMINISTRATIONS - Série
"Celui qui aura révélé un secret à lui confié en sa qualité de membre d’une autorité ou de fonctionnaire, ou dont il avait eu connaissance à raison de sa charge ou de son emploi, sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire."Code pénal suisse, article 320, alinéa 1.
ADMINISTRATIONS - Episode 1
ADMINISTRATIONS - Episode 2
ADMINISTRATIONS - Episode 3
ADMINISTRATIONS - Episode 4
ADMINISTRATIONS - Episode 5
ADMINISTRATIONS - Episode 6
ADMINISTRATIONS - Episode 7
ADMINISTRATIONS - Episode 8
ADMINISTRATIONS - Episode 9
ADMINISTRATIONS - Episode 10
ADMINISTRATIONS - Epilogue
Zum Wohl
02 septembre 2011
Marcel
Jouer des épaules
Mélanger son eau de toilette aux odeurs de marée
Une fois hors de la brasserie
Sous la marquise écrasée de pluie
Sortir ses cigarettes de luxe
Les couleurs de la nuit laissaient apparaître son marcel
Sous sa chemise embrumée de volutes
Les dîneuses
Celles qui pratiquaient plutôt le mot débardeur
Songeaient à l'homme
Celui des après-midi pourpres et clandestins
Celui qui arrive d'on ne sait où, au juste
Tandis que leurs langoustines
Repartaient en cuisine
En carcasses
Les petites frappes reviennent
Elles ne connaissent pas le murmure
Elles surjouent la conviction
Elles gaspillent leur énergie
Comme on s'éclabousse d'eau
Dans ces minutes plus tièdes
De la saison chaude
Les petites frappes
Refont un tour
01 septembre 2011
Les petites frappes
Dodelinant de la tête comme les macareux moines
Qui scrutent les prédateurs sur la falaise
Des mines de fouines
Des haleines rances de houblon
Leurs veines inondées
De produits de marionnettistes transatlantiques
Elles respirent par saccade
Comme un sursaut qui fait parler
La quincaillerie de leur cou
Ce soir
Traversant la saison chaude
Les petites frappes sont de sortie
31 août 2011
30 août 2011
Le mangeur et le tartineur
Demande le mangeur de biscottes.
- C'est en somme rouler les fenêtres ouvertes et réveiller David Guetta au fond des Volkswagen Golf GTI.
Répond le tartineur de biscottes.
18 août 2011
Le quignon
Tandis qu'elle se courbait sur ses mains obèses
Tandis qu'elle agrippait ses bagues opulentes
Tandis qu'elle les faisait glisser
Tandis qu'elle pressait ses doigts boudinés
Tandis qu'elle talquait la moiteur
Ainsi, ses mains dansaient seules
Il observa par inadvertance deux choucas
Ils se disputaient sur le toit d'une pharmacie
Leur vie dépendait d'un quignon
Alors il estima qu'il était temps de se lancer dans l'import-export
Avec dévotion
L'Europe s'amuse
La vallée qui s'assombrit
L'humanité qui s'apprête à la nuit
Tandis qu'une masse mafieuse à la présence caucasienne
Se laisse aller à quelques flatulences
Dans des thermes haut perchées
Avant de s'accomplir dans un lit
De grappe en grappe
De blondes en blondes
Caressé par leurs râles d'ilang-ilang
06 août 2011
Vintage
Elles s'élancent l'une vers l'autre, désarticulées dans leur joie. Elles ne se touchent presque pas lorsqu'elles s'étreignent, tout au plus un contact ample, deux fourmis nerveuses face à un morceau de sucre qu'il faudra emporter.
Et puis elles s'égaient, comme on dit des moineaux. Et aux alentours, les cuillères recommencent à tourner dans les tasses.
Vers la dignité des rictus
Au bout des chaudes soirées du mois d'août, les mocassins des sexagénaires s'affaissaient sous l'acidité de la transpiration de leurs pieds nus. Il faudra probablement en changer l'an prochain.
Au bout des chaudes soirées du mois d'août, la vie venait à s'épuiser au fond des boîtes à gants. Les mains fouilleraient bientôt dans le vide.
Au bout des chaudes soirées du mois d'août surgissaient en fin de compte les rictus ancestraux qui précèderaient le silence total.
Leurs rires cherchaient en réalité les prémisses de la dignité.
03 août 2011
Cette chose avec la femme qu'on aime III
Utiliser l'impératif
Survoler le trafic
Réapprendre à courir
Ecouter ses mains qui parlent des cheveux d'elle
Prêter attention à ses mains qui se souviennent
Demander son chemin à ses mains
Nom de Dieu, prendre ses mains au sérieux
Et lui dire
Au milieu des véhicules surexcités
Au milieu du monde qui veut la reprendre
Reviens, mon Amour
Cette chose avec la femme qu'on aime II
Et maintenant, attendre. Sans rendez-vous. Croire durant de longues heures qu'elle va apparaître. A pied, en voiture, à vélo, n'importe comment, pourvu que son parfum la précède.
Attendre démesurément, comme un cinglé. Et prendre précisément conscience que personne, jamais, ne viendra, que son halètement se perdra dans le bal des camionnettes de livraison et les manoeuvres des convois spéciaux.
Cette chose avec la femme qu'on aime I
Ce regard nous avait amenés dans des villes, que nous avions soumises à nos moindres caprices. Nous traversions des rues qui n'attendaient évidemment que nous, qui se fardaient de couleurs hallucinantes presque impossibles.
Nos corps avaient élus domicile l'un dans l'autre. Nous nous regardions dans la nuit noire parce qu'il faisait grand jour. Nous commencions ensemble notre passé.
Bordel de merde, nous étions au bénéfice d'un armement indiscutable et on déclenchait des feux d'artifice chaque soir au sommet de notre forteresse.
En face
Depuis là, on regardait en face. Les nouvelles vieilles brasseries. Le cortège des blondes, la cour des gominés, le royaume des eaux minérales. Surtout, l'engouement pour les tartares, les caprices autour des carpaccios, les soupirs d'extase face aux tomates-mozzarella. Ce rouge coupé au couteau descendre dans ces gorges dorées, ces lèvres suçoter ces lamelles, ces langues lécher ces huiles d'olive.
Généralement, au début de l'après-midi, un animateur, à la radio, décidait de passer quelque chose comme "Exodus", chanté par Edith Piaf. Et l'envie d'aligner les pastis se faisait plus pressante. On se doutait vaguement qu'un jour ou l'autre, celles et ceux d'en face viendraient annexer ces territoires. On tâchait de bouger précautionneusement, de "rester tranquille". On écoutait nos cigarettes se consumer et on n'était pas sûr du moment exact où tout ce décorum avait commencé à s'effriter.
29 juillet 2011
Retour au sec
Ordonner les couleurs
Palper la clarté du cristal
Ecraser les fruits du dos de sa cuillère
Sans bruit
Et penser au courant de la Gartempe
Qui emportait les frissons de nos corps nus
28 juillet 2011
Leurs pluies
Sur son col à lui
Comme la noirceur des blés couchés
Après la pluie
Son parfum à lui
Dans ses cheveux à elle
Comme l'odeur de l'asphalte
Après la pluie
Une étreinte qui précipitait leurs fluides
Sous le seuil de détection des kymographes
27 juillet 2011
Embuscade
Tapis sur des toiles militaires
On attendait
Parmi les herbes sèches et hautes
On attendait
Septembre
On attendait
Son immobilité
On attendait
Ses programmes
On visera
Sa posture péremptoire
Ainsi
Même en août
S'il se montre
On le reconnaîtra
A son pas d'été vieilli
26 juillet 2011
Les maraudeurs
Cherche coups et blessures
Cherche couches lumachelliques des âmes tortueuses
Cherche millibars de sincérité
Cherche simagrées dûment agréées
Cherche Flamand exclusif
Cherche fourreurs
Cherche junte famélique
Cherche objets cités en titre
Cherche dompteuses de leptospirose
Toutes ces exigences, toutes ces intentions, toutes ces sueurs
Rien ne vaut le bruit des glaçons, avant tout ça, tout au début, à l'aurore des soirs conquistadors
25 juillet 2011
Blümchenkaffee
Des basses commencèrent à brasser l'air, à ébranler par chatouillement les bases de l'édifice, à gazéifier le sommeil de l'immeuble.
Tandis qu'elle sortait son service de tasses. Et qu'elle se réjouissait de voir se troubler l'eau de son café très clair. Parce qu'à travers l'eau brunâtre exagérément refiltrée, elle pouvait deviner la petite fleur bleue au fond de la tasse. Dans ce tremblement général, elle avait ainsi l'impression que la plante frêle bougeait sous l'effet d'un vent sous-marin. Elle aimait tenir ce mystère fragile et brûlant entre ses mains âgées.
Quelques pascals
Lorsqu'elle l'embrassait
Son corps pressé contre le sien
C'était comme une prière
A Blaise Pascal
La maison perchée au-dessus d'un virage
Le goudron noircissait
Ou plutôt il prenait des teintes curieuses
La maison au bord de la jetée
Dans le virage
Devenait très visible
La bâtisse aux gens venus des terres ottomanes
Qui ouvraient leurs persiennes sur l'océan
Qui nous immobilisaient
D'un coup de gond
Tôt le matin
Tôt le soir
Nom de Dieu
Que fabriquaient-ils?
Nous constations encore
Que tous les coquillages
N'étaient pas disponibles
Fin juillet début août
23 juillet 2011
Restauration rapide
La vie était plutôt simple avant la tragédie
Sourire à des obèses
Respecter l'architecture des pains à étages
Regarder des équilibristes sur la Place de la Grande Armée après son service
Et si on bénéficiait d'un surplus d'enthousiasme
Cirer ses sandalettes dans la pénombre
22 juillet 2011
Peaux
Déjà leur teint cacaoté
A travers les pare-brise
Ils emportent leur soleil
Vers un autre soleil
Affirmatifs
Dans l'éclat abondant
De leurs dents blanches
C'est une conquête
C'est impératif
C'est leur tactique d'approche
Tandis que d'autres trappeurs
D'autres tanneurs
Suivent leurs pistes
Clarté
Ensuite, il y eut cette histoire avec le Prince Noir, venu d'un obscur village du Kamtchatka, dont le pur-sang avait piétiné les bleuets du plan d'eau avec ses sabots métallisés. Après, la vie fut un peu plus nébuleuse.
230 volts
21 juillet 2011
Le club très spacieux des secoueurs de main
Dans la pénombre, l'autre secouait sa main sur son membre viril.
Dans le crépitement des flashes, un troisième secouait la main du président.
C'était comme un club. Avec beaucoup d'espace.
Robe
Sous le trait du gyrophare s'évanouissent les naïvetés
Tendance blockhaus
Aux abords rauques
Inapte à la guerre
Disaient les estimations
Des experts nés en paix
Que dire alors
De ce gyrophare
En son milieu
Carapacé de béton
Il tournait
Huilé
Il éclaboussait
De lumière verte
Les amalgames rongés d'humidité
Cétait une veille
Le mode qui tend les bonds
C'était le préparatoire perpétuel
C'était ce qui rendait la naïveté caduque
20 juillet 2011
Vrombir
Il reclipait ses seins
Elle démarrait ses mains
Il décapotait son clitoris
Elle immatriculait ses fesses
Il injectait ses lèvres
Et ils faisaient l'amour mécaniquement
Dans les cliquetis des chronographes
Près du téléphérique, au-dessus du pré
Après son goûter
Composé de tartines au beurre
Saupoudrées de condiment industriel jaune
Il s'accouda
C'était à sa fenêtre
C'était au sud-est du téléphérique
C'était l'été pourri
Après trois baillements
Après deux étirements
Il flingua
D'abord au hasard
Quelques vaches dans le pré du dessous
Ensuite la méthode le conquit
Sous la pluie
Le tas de bêtes inertes
Fumait encore un peu
Là-bas
En ville
Un animateur de radio
Lançait sur ses platines
"Vamos a la playa"
Le goûteur flingueur
Ainsi chatouillé
Sentit alors
Malgré ses efforts
Qu'il avait encore perdu
Face à sa rectocolite
Pâtés en croûte
S'agaçaient mutuellement
En mangeant des petits pâtés en croûte
Tout à leur sagacité
Ils ne prêtaient pas attention
Aux miettes de farce
qui tombaient sur la toile cirée
Jusqu'au moment où
Frontalement
Trois peintres surgirent
Au milieu de la bombance
Ils réclamaient des avis
Sur une série de lavis
Endommagés par des encadreurs
Dont les vis avaient dérapé
Vint la dispute
Les auteurs des sagas
Lancèrent le mot croûte
Les peintres
Rispostèrent
Protégés
De leurs toiles
Même à bien pencher
Sa bienveillance
Il n'y avait de croûtes
Que de pâté
Il n'y avait de toiles
Que cirées
19 juillet 2011
Hôtels
Ils ne pesaient plus sur le matelas
Ils ne déposaient plus rien sur les draps
La pomme de la douche ne gouttait plus
"Do not disturb" se tenait à nouveau immobile
Sur la poignée intérieure
Les emballages ne bruissaient plus
Dans la poubelle
Pincé dans la porte-fenêtre
A l'extérieur
Un morceau de rideau battait pavillon blanc
Frénétiquement
Sous le vent
Giflé par la pluie
Réclamant la paix
De cet intérieur
De ces moquettes
Dont il était privé
Avant le service d'étage
De multiples acariens
Dans cette pause humaine
S'adonnaient à la molysmologie
A travers nos draps
18 juillet 2011
La drague, et puis le couple
On se plaisait dans ces habits de matamore.
Une fois les pieds hors des bottes, rongés de mycoses, sur le carrelage visqueux d'humidité de sa petite maison à l'arrière des docks, une fois devant son bol de soupe de poisson, posé sur le bois putride de la table à manger, une fois l'un en face de l'autre, on s'inquiétait. On pensait aux horaires, on ne se couchait pas tard, on se permettait un feuilleton, on avait peur des réactions du chat, on ne faisait pas rentrer de boissons alcoolisées, on repassait ses chaussettes.
L'océan, dans un bocal, ne miroite plus avec mêmes couleurs.
15 juillet 2011
Déjà 15 heures
A 14 heures 55, il manquait les glaces en forme de pingouins dans le congélateur au bout de la troisième gondole du centre commercial.
A 14 heures 55, la Présidente a constaté, sur une remarque de son bras droit, que son bas droit avait filé.
A 14 heures 55, dans la voiture, elle a dégrafé son soutien-gorge.
A 14 heures 55, agile, il a pris ses seins dans ses mains.
A 15 heures, les cloches n'ont pas sonné.
Stigmates
Dans les brocantes
Gardent rarement les bras le long du corps
Elles et ils palpent
Dans des gestes humanitaires
Des objets
Autrefois tenus du bout des doigts
Leurs sourires s'embusquent
Enhardis, ils s'essoufflent dans l'inadéquation
Ils utilisent le mot antiquité
Au pluriel
Surtout
Leurs corps ont une dynamique
Avide
Ce sont les brocantes
Ce sont les connasses et les connards
Ce sont des stigmates
13 juillet 2011
L'éclat des fourchettes à tourte
L'affaire était pénible. Les humaines frottaient, les mammifères rongeurs s'enhardissaient en de petites accélérations nerveuses. L'atmosphère chauffait.
Les deux frotteuses, expérimentées dans l'art de la chimie des mécaniques lourdes sujettes au grippage, n'y tinrent plus et allèrent fouiller dans leur armoire à réalgar.
Et puis la frénésie, qui atteint généralement les âmes travailleuses lorsqu'elles se laissent distraire, s'empara des êtres vivants de la cave numéro 45. Les poudres rougeâtres des réalgars les plus raffinés embaumaient l'air dans des nuages dodus.
Seuls quelques éclats de fourchettes à tourte ressuscitées percèrent cette nébulosité et survécurent à cette agitation.
Pendant ce temps, auprès des terrains de sport, des cannettes de boissons énergisantes pétillaient et se vidaient dans des gorges déployées et avides d'oxygène.
11 juillet 2011
La ville qui se traînait
Les gens frottaient leur sandalettes contre les pavés
Le matin
Ils traînaient les pieds
Pour grimper dans les transports en commun
L'immobilité pédestre macérait durant neuf minutes
Le midi
Ils traînaient les pieds
Sous leur chaise au restaurant
En avant, en arrière, sans se toucher
La solitude des couples d'espadrilles
Le soir
Ils traînaient les pieds
D'un profond raclement hâtif
Vers des comptoirs
Où leurs pieds ne touchaient plus le sol
Et ils n'étaient pas les seuls
Tandis qu'au milieu du parc
Dans cette ville qui se traînait
Elle s'employait à le séduire
Avec la nudité silencieuse de ses pieds
Elle se maquillait, il la regardait
Il aimait ses manières de ballerines
Sa façon de se hisser sur la pointe des pieds
Comme si elle grandissait lorsque ses yeux s'écarquillaient
Souvent, c'était le soir
L'antichambre de sorties agitées
Le meilleur moment
Elle était la sentinelle qui le gardait de la foule
Et puis, dans l'embrasement ambré de la salle de bains
Elle se retournait
Le soleil avait perdu
Il se couchait, elle sortait
Et lui, il était déjà ivre
07 juillet 2011
Marcher au bord des proportions et connaître le vertige
Ensemble, nous marchions en chaussures épaisses et profilées sur le sentier goudronné du bord des proportions. Et nous nous penchions, nous nous faisions peur, nous connaissions le délicat vertige des hauteurs de la suffisance. Nous parlions beaucoup de l'opportunité de faire des gosses.
05 juillet 2011
Effondré
- Marre de leurs silhouettes squelettiques de ravis de la montagne. J'en peux plus de leurs vêtements synthétiques à multipoches. Me font chier avec leurs réservations pour tout et rien. Qu'ils aillent se faire foutre avec leurs gosses en sandalettes de plastique doux. J'emmerde leurs céréales de bon matin. Me parlez pas de leurs techniques pour griller des légumes au bord des plans d'eau. Et pis surtout, leurs gueules, rien que leurs gueules, cette chair qui hésite entre le tannage, l'huilage et le séchage, leurs gueules d'inquiets positifs. Leurs gueules, merde.
Les cendres s'émiettaient et s'envolaient.
Ses bras s'effondraient tranquillement sous le poids de son buste.
Les cacahuètes venaient à manquer.
Surgie des toilettes, les mains encore humides, une danseuse étoile de l'opéra-ballet d'en face lui proposa de tuer le temps. Un peu. En visant les jambes.
Ils dessinèrent alors, de tête, presqu'à l'aveuglette, les dimensions du détroit de Gibraltar, sur un coin de zinc, en grattant une vieille pièce chinoise.
Et là, il eut l'irrépressible envie de porter du rose.
04 juillet 2011
Il sentait la maroute
Il portait des jeans serrés
Pas tout à fait moulants
Il avait un grand nez
Il nageait en slip de bain
Très étriqué
Ce qui déstabilisait
Jeunes femmes et maîtres-nageurs
C'est qu'il sentait la maroute
Nous irons
Sur le bitume encore chaud
D'avant le soir, d'avant l'apéritif
Nous irons ouvrir la bouche
devant les voitures rapides
Nous ouvrirons nos bras
Nous nous retiendrons
Plusieurs fois, à la limite
Nous rentrerons court vêtus
Dans des établissements publics
Nous réclamerons des alcools forts
Nous reprocherons la proximité de l'automne
Au premier poivrot
Nous caressons nos cheveux caniculaires
Devant les fontaines de la ville
Et nous n'aurons de cesse
De reprendre la route
De la campagne
Pour écouter le son pudique du mélèze
Pour comprendre à nouveau
Pourquoi nous ne nous calmons pas
Nous irons faire tout ça
Avant de passer à la banque
Auprès du carillonneur
Alors qu'elle s'occupait de la cause de la distension des micro-fibres de l'étole pubienne de son compagnon, ce dernier aimait à dodeliner de la tête en compagnie des pigeons qui se soulageaient à proximité.
La soirée se terminait régulièrement par quelques "Petits Filous" goût fraise, engloutis au moyen de cuillères en plastique.
Tandis qu'au bas de la mini-cathédrale de Gueuzens-la-Gigoule, les embouteillages perdaient tranquillement de la puissance.
Tandis que dans l'obscurité, une mouche s'immobilisait brièvement sur le tapis roulant déserté de la caisse numéro 6 du centre commercial principal, celui-ci-là-lui-même après le parc aux chiens. Et reprenait son vol sur une impulsion incompréhensible.
01 juillet 2011
Le seuil de la percolation
Un jour, une jeune femme le dépassa, en foulées courtes et légères. Elle occupait peu d'espace. Il fixait son regard sur sa queue de cheval, blonde. Qui balançait comme un métronome. Qui dégageait un violent déodorant bon marché. Qui expulsait probablement des gouttes invisibles, à la manière d'un vieux vaporisateur à pompon.
Le soir, redevenu sec, il s'égara à fracasser contre le mur intérieur de son garage quelques douzaines de bouteilles de vodka. Il se plaisait dans ces éclats. Il questionnait le seuil de la percolation.