22 octobre 2017

Doudounes

Il y avait celui
Qui retournait les cadavres
Pour leur ajuster la chemise
Il y avait celle
Qui aimait le pourpre
Pour retenir le jour
Il y avait celui
Qui regardait son corps transpirer
Pour accueillir des sanglots complexes
Des espressos circulaient
La nuit progressait à son rythme de croisière
Il n’y avait aucun excès
Juste des intentions abruties
Prêtes à en découdre
Avec des reflets incertains
Et des menaces de synthèse
Ici
On sursautait
Dans des doudounes

Pugilat

Ta tristesse
Approchait
Je l’ai vue venir
Au coin du bois
Par le chemin
D’or et de feuilles
Dans un bruit de boucle
J’ai lâché mon dépit
A grandes foulées de salive
Il a fondu sur elle
Dans un pugilat
De lumière poussiéreuse

Blindage

Sois sombre
Sois opaque
Sois feuilleté
Et retiens les balles
Ne les empêche pas
D’atteindre nos disputes
Empêche l’horreur
De s’attaquer
A nos sauvageries
Laisse-nous
Dévorer
Nos peaux nues
Préserve ce silo de silence
Afin que nous entendions
Nos chagrins
Mastiquer
Notre haine

Nous habitions la nuit

Nous habitions la nuit
Nous descendions
Dans ses entrailles glacées
Chercher des victuailles
A saupoudrer
De grains de lumière
Qui ne pesaient pas lourd
Dans les caddies du jour
Nous habitions la nuit
Sans laisser d’adresse
Nous habitions la nuit
Et nous souhaitions
Recevoir ses caresses
Nous habitions la nuit
De souffles indomptables
Et nous frappions aux portes
De nos colocataires
Et personne ne répondait
Nous habitions la nuit
Et le bruit aveugle de l’agitation
Nous servait
De seule piste
Pour faire atterrir l’aube
A espérer qu’elle saurait
Nous approcher
Sans apeurer
Nos grosses mains
Pétries d’ombres salies
Perpétuelles orphelines
Des crépuscules baroudeurs