21 avril 2012

La mélodie vient ensuite

- Quand tu me parles, j'ai l'impression qu'on danse le sirtaki sur mes couilles.
- Laisse-moi d'abord t'en arracher quelques poils pour équiper ma guitare électrique.

L'ultime chasseur

Le monde est devenu un tel piège
Qu'au fond de nos taupinières
Enivrés par les reflets des plastiques vermeils
Nous devisons
A nous en faire peur
Sur l'existence
Toujours plus précaire
De l'ultime chasseur

La couleur de la nappe

Venir aux choses
Avant qu'elles ne viennent à nous
Et que nous ne puissions plus avoir
Le discret avantage
De choisir
La couleur de la nappe

Comme un choucas

J'aurais voulu vous parler
Seulement voilà
J'étais le choucas
Qui n'avait pas calculé
Que sur cet immeuble
On ne pouvait atterrir
Convenablement

Comment quoi va où

A vous regarder
Vous débattre
Avec vos feutres, vos crayons et vos stylos bille
A ne plus savoir comment quoi va où
A hausser le ton pour savoir
Comme si l'écho de vos vies faisait envie
A jouer vos airs de fanfares humaines
A vous inventer un écrin pour y pisser
A nul autre pareil
Vous excellez à merdiquiser nos espaces

17 avril 2012

Les dents

On lui disait Jack
Je crois
Ses dents clignotaient
Et elles
Ne savaient plus dans quelle direction tourner leurs yeux
On aurait dit des biches
Écouter du Ravel

Si

Si j'étais Président
Je t'attendrais en bas de l'usine
Et dans ma forêt de gardes du corps
On jouerait
Au loup et au petit chaperon rouge

14 avril 2012

Rencontre

Tu sors à l'aube
Tu vendanges sous tes pieds
Des gouttes de rosée

Alors que mes chaussures
Titubent
T'évitent
Racontent des alcools
Dans le sourd fracas des violettes pilées

Tympans

Sonner
A la porte des nuages
Parler à l'autre en queue de pie
Adopter des postures menaçantes
Puis les rendre
En dédaignant leurs fonctions obsolètes

C'est de haut en bas
Que les claquements de portes
Nous font exploser les tympans

13 avril 2012

Le fleuve

A coups de rames
Remonter un fleuve
Comme je suis
Le cours de tes pensées

Bientôt
Les canots à moteur
Seront à portée de tir

Camion-poubelles

Percuter un camion-poubelles
Comme un chien fou
Et s'étourdir
Des obsessions humaines
En suspension
Dans le frais de l'aube

11 avril 2012

Comestible

Combien d'espoirs faut-il broyer
Pour saupoudrer la vie de tristesse
Et réussir à la croquer à pleines dents

Munition

Son rire partait en rafales
Ainsi
Dans les soupers fins
Il faisait une consommation effrénée
De dentiers

Entre le pouce et l'index

Elle se comportait avec lui
Comme on cueille des groseilles
Elle tenait
Le destin d'un monde pressurisé
Entre le pouce et l'index

Dans nos tignasses

On fouillait
A l'aveuglette
Dans nos tignasses
On se tirait le jus
De nos furoncles
Dans la satisfaction des motards
Qui dégotent une station-service
Sur les routes chaudes
Des après-midi déserts

Pas de précipitation

Recroquevillée sur la cuvette
Les jambes serrées dans un jean délavé
Comme des tulipes par un vieux magazine
Elle pissait
Sans sourciller
Et pendant ce temps
Dans la musique du filet
Lui tirait sur son cigare
Et la cendre se tenait tranquille
Ni l'un ni l'autre
Ne se précipitaient

Bien accroché

Les yeux plantés
Dans la carcasse
De sa daurade
Il attendait
Que l'océan viennent le reprendre
Il était bien accroché