11 février 2022

Ici, en bas ou au milieu

Quel est ce jaune
Qui emballe le jour
J'ai essayé de craquer des allumettes
D'ajouter des boutons d'or
De saupoudrer du sable
De celui qui me restait
Sous mes semelles usées
Qui ne se hasardent plus 
Depuis que l'océan s'est retiré
J'ai capturé quelques traits et quelques rayons
Abandonnés par un soleil impatient
J'ai essayé de mélanger tout ça
Mais quel est ce jaune
Inaccessible
Qui soumet le jour et ses caprices
Je crois bien que c'est toi
Qui ne m'a pas abandonné
Qui m'a simplement laissé
Me débrouiller tout seul
Puisque je m'étais mis en tête
D'attraper le vent
A coups de lasso
Un dresseur de vent
Me disais-je
Sera bien capable
De t'empêcher
De gagner le royaume des ombres
Ou celui des nuages
Un dresseur de vent
Sera bien capable
De te dissuader
De filer et de me laisser
Ici, en bas ou au milieu

Collines

Une lumière visqueuse
Immobilise la rue
Seuls les arbres
Eructent encore
On ne sait pas trop
On n'entend pas bien
On sent un peu
Une odeur de silence
Ils en ont tant fait banquet
Une odeur de silence
Oui
Puisqu'il est fringant
Et qu'il nous observe
Depuis les collines
Nous qui pataugeons
Avec ce qu'il nous reste de vivants
Il ne nous tendra pas les bras
Il faudra nous hisser seuls
Prendre appui
Peut-être
Sur quelques gravats
Construire un marchepied
Avec des bouts d'espoirs et de joies
Un peu moisis mais c'est superficiel
En les frottant un peu
En les trempant de lumière
De celle qu'il nous reste au fond des poches
Emballée de tissu, sèche et claire