18 février 2014

Pince à sucre

Elle l'a embrassé
Comme on largue quelque chose
Au fond de sa tasse
A l'aide
D'une pince à sucre

Notre nuit

Notre nuit
Cet estomac
De lotte
Acide 
A nous emporter
Dans ses profondeurs
Geôles de lumière
Notre nuit
Effraie les marins

Inoxydable

Parmi les ours
Parmi les sosies
Parmi les pompes à chaleur
Tu tournais
De façon gracieuse
Sans manière
Ta cuillère inoxydable
Dans ton café
C'était
Ton genre et ta contribution
Pour lutter
Contre l'empire nauséabond
Du latte macchiato

13 février 2014

Une main

Elle lui a mis
La main aux fesses
Comme on descend
A la cave
Accroché à une lanterne
Plongeant
Dans l'odeur de terre roussie
Redoutant
Ce qui pourrait surgir
De cet univers
Sombre et immobile
Sous ses pieds
Habitués
A évoluer
Sur des surfaces claires
Habitués
A danser
Avec la lumière

Rideaux de pluie

A force de traverser nu
Les rideaux de pluie
Il avait une averse
Qui lui collait
A la raie du cul

08 février 2014

C'était un rire

Des profondeurs musquées
De ton être sinueux
Comme un petit oiseau tropical
Franchit les limites de la forêt
Débouche dans le vide
Doit retrouver son équilibre
Hors des lianes et des aspérités
De tes profondeurs
Oui
Surgit quelque chose
C'était un rire

07 février 2014

Oué!

Sa joie était
Une charrette
Remplie
De pots de confiture
Et elle cheminait
Tirée par un vieux boeuf
Sur un ancien chemin
Rongé par les pierres

06 février 2014

Poches percées

Ils se sont mis en tête
De tuer le temps
Dans une ruelle
A l'orée du crépuscule
Par un soir
Sombre
Comme une Saint-Barthélemy

Mais

Il leur a filé
Entre les doigts
Il a emprunté
Un itinéraire
Qui passait
Par leurs poches percées

Ces fous
Ivres de leur équipée
Avaient oublié
De les refermer

05 février 2014

Les directions de l'aube

Ramasser l'horizon
Comme on plisse un drap
Puisqu'une fois sorties
De notre nuit
Nos routes
Seront différentes
Au loin
Le point de fuite
Ne suffira pas
A nous réunir

04 février 2014

Lichen

Le matin est en mousse
L'aube était de pluie
Nous sommes la verdure
Nous sommes la nourriture
Des gens des bois
Qui viendront
Nous arracher
De leurs mains
Epaisses
Parcourues d'engelures
Ils nous assoupliront
De quelques coups
De langue
Nous sommes la verdure
L'aube était de pluie
Les plus vigoureux
D'entre nous
Rêvent
Du pays
Du lichen

03 février 2014

Devant les bois

Il habitait la plaine
Devant des grands bois
Il attendait
Jusqu'à ce que
Quelque chose
En sorte
Il n'a pas vu
Que les chars
Ont donné l'assaut
Par le côté

02 février 2014

On vieillit

Ne crépite pas
Flambe
Ne ruisselle pas
Inonde
Ne parfume pas
Empeste

On vieillit
Et on a payé
Pour un sons et lumières
Sans entracte

Alors bien sûr
Ne murmure pas
Hurle
Et puis
N'éructe pas
Vomis

Jetés dans le jour

L'aube
Est arrivée
Plus vite
Que nous ne l'avions prévue

Elle a confisqué
La possibilité
De nos langues

L'aube nous a jetés
Dans le jour
Comme un videur

Je commençais juste
A m'enivrer de toi
Mais je tenais encore
Debout
Je ne faisais pas d'esclandre
Sur le pavillon feutré
De ton oreille

Philip Seymour Hoffman est mort, chargeons le vent

Charger le vent
Avec nos dernières larmes
Tenter la noyade
Par surprise

Charger le vent
Qui nous a pris
Jusqu'à ton odeur
Et que nous n'avons pas su abuser
Avec des eaux de toilettes
Capiteuses

Charger le vent
Lui enfoncer
Notre tristesse
Au fond de la bourrasque

Charger le vent
Et alourdir de nos pluies intérieures
Son royaume
Pour en faire
Un marécage

Charger le vent
Pour qu'il se sente
Chez nous
Bien dégueulasse
De boue