Il l'aimait
Comme on passe
Sa main dans ses cheveux
Il prenait possession
Des territoires hirsutes
En quelques coups de paume
Il avait l'allure au poing
Il redonnait de la décence
Aux fins d'après-midi d'été
Jusqu'à ce que le tempo
De leurs fougues ébouriffées
S'essouffle en baisers chauves
Désormais
Ils se rendent
Chez le coiffeur
24 décembre 2016
Retenir la lumière
Retiens
Comme tu peux
Le jour
Distrais-le
Raconte-lui
A peu près
N'importe quoi
Utilise ses propres ruses
Enfume-le
Sors le matériel pyrotechnique
Avec le faux brouillard
Barre la sortie à la lumière
Pendant que tu gagnes du temps
Ici nous amenons des camions-citernes
Nous déversons du kérosène
Sur des bâtisses en ruine et du bois mort
Nous allons tout faire flamber
Nous nous enivrerons de notre propre jour
Nous boirons notre propre lumière
Nous apercevrons
Dans les braises, dans leurs danses, dans leurs ascensions
Tout ce que le jour nous a pris
Tout ce que nous avons tant aimé
Comme tu peux
Le jour
Distrais-le
Raconte-lui
A peu près
N'importe quoi
Utilise ses propres ruses
Enfume-le
Sors le matériel pyrotechnique
Avec le faux brouillard
Barre la sortie à la lumière
Pendant que tu gagnes du temps
Ici nous amenons des camions-citernes
Nous déversons du kérosène
Sur des bâtisses en ruine et du bois mort
Nous allons tout faire flamber
Nous nous enivrerons de notre propre jour
Nous boirons notre propre lumière
Nous apercevrons
Dans les braises, dans leurs danses, dans leurs ascensions
Tout ce que le jour nous a pris
Tout ce que nous avons tant aimé
29 novembre 2016
Clapotis
C'est la lumière
De nos journées à l'océan
Ramenée à la petite cuillère
Posée au milieu d'une lanterne famélique
Filée au plafond du vieux palais
Sur le bord de l'avenue poissonneuse
C'est une clarté
C'est une proposition qui s'enfuit
Aux trousses de laquelle
Nous avons lancé
Mille chiens insuffisants
C'est par cette lumière
Que nous voulons être inondés
Pauvres galériens
Qui tambourinons
A la porte du palais
Pauvres fous
Qui estimons
Notre équipement adéquat
Pour assiéger
Les surdités assoupies
Des vieux concierges
Pendant que nos guetteurs
Se font abuser par les bruits d'eau
Venus du fond de l'avenue
Par des clapotis
Que des années de guenilles
Au royaume
Gorgé de foule
Où tu n'es pas
Réussissent à déguiser
En houle
De nos journées à l'océan
Ramenée à la petite cuillère
Posée au milieu d'une lanterne famélique
Filée au plafond du vieux palais
Sur le bord de l'avenue poissonneuse
C'est une clarté
C'est une proposition qui s'enfuit
Aux trousses de laquelle
Nous avons lancé
Mille chiens insuffisants
C'est par cette lumière
Que nous voulons être inondés
Pauvres galériens
Qui tambourinons
A la porte du palais
Pauvres fous
Qui estimons
Notre équipement adéquat
Pour assiéger
Les surdités assoupies
Des vieux concierges
Pendant que nos guetteurs
Se font abuser par les bruits d'eau
Venus du fond de l'avenue
Par des clapotis
Que des années de guenilles
Au royaume
Gorgé de foule
Où tu n'es pas
Réussissent à déguiser
En houle
09 octobre 2016
Le projet
Avec des gestes
Avec des mines
Avec des silences
Je racontais
La patience
La persévérance
La minutie
Toutes ces émotions
Muselées
Pour envoyer
Des petits modules
Là-bas
Au fin fond
De l'univers
Qui n'a rien d'une fin
Ni d'un fond
Et je poursuivais
Avec l'attente
L'angoisse
De ne pas savoir
En réalité
Très exactement
Ce qui pouvait
Gripper la manoeuvre
J'argumentais
Sur la fureur de l'espace
Sur cette audacieuse conquête
Et tu me dis
Que tu travaillais
A la même chose
Que tu te penchais
Sur des plans similaires
Tu me dis
Que tu avais le projet
De te pencher sur moi
De m'embrasser
Et de m'emmener
Avec des mines
Avec des silences
Je racontais
La patience
La persévérance
La minutie
Toutes ces émotions
Muselées
Pour envoyer
Des petits modules
Là-bas
Au fin fond
De l'univers
Qui n'a rien d'une fin
Ni d'un fond
Et je poursuivais
Avec l'attente
L'angoisse
De ne pas savoir
En réalité
Très exactement
Ce qui pouvait
Gripper la manoeuvre
J'argumentais
Sur la fureur de l'espace
Sur cette audacieuse conquête
Et tu me dis
Que tu travaillais
A la même chose
Que tu te penchais
Sur des plans similaires
Tu me dis
Que tu avais le projet
De te pencher sur moi
De m'embrasser
Et de m'emmener
Le tilleul et la feuille
Pas vraiment tôt
Pas vraiment tard
Non plus
Dans le jour
Encore en habits de nuit
Le tilleul
En bas de la route à droite
Le sentinelle
De nos allées et venues
Le tilleul
A perdu une feuille
Nous l'avons regardée
Nous avons observé
Sa chute qui dansait
Et nous avons pensé
A sa vie, à son moment
Aux orages
Qu'elle avait subis
Tapie dans l'épais feuillage
A l'agitation de l'été
Qui était venue tapiner au pied
De son tronc
Nous nous sommes souvenus
Des essaims de volatiles
Qui assourdissaient
Les branchages
Qu'ils quittaient
Comme des désespérés
Lâchent un comptoir
Nous nous sommes remémoré
Tout ce raffut
Et nous avons goûté
Le bruit du silence
De cette feuille
Qui s'écrasait
Dans l'humidité
Et pour qui s'ouvrait
Désormais
Le royaume
Des fouisseurs
Pas vraiment tard
Non plus
Dans le jour
Encore en habits de nuit
Le tilleul
En bas de la route à droite
Le sentinelle
De nos allées et venues
Le tilleul
A perdu une feuille
Nous l'avons regardée
Nous avons observé
Sa chute qui dansait
Et nous avons pensé
A sa vie, à son moment
Aux orages
Qu'elle avait subis
Tapie dans l'épais feuillage
A l'agitation de l'été
Qui était venue tapiner au pied
De son tronc
Nous nous sommes souvenus
Des essaims de volatiles
Qui assourdissaient
Les branchages
Qu'ils quittaient
Comme des désespérés
Lâchent un comptoir
Nous nous sommes remémoré
Tout ce raffut
Et nous avons goûté
Le bruit du silence
De cette feuille
Qui s'écrasait
Dans l'humidité
Et pour qui s'ouvrait
Désormais
Le royaume
Des fouisseurs
15 septembre 2016
Le bar
Le bar
Ouvert sur la pluie
Lumineux
Comme des grandes dents
Profond
Comme une bouche
Ouverte jusqu'à la glotte
A ne pas savoir
Au juste
Ce qui en sortira
Ce qui y rentrera
Le bar
Comme une balise
Un battement électrique
Au milieu d'une tempête
D'enrobés bitumineux
Les proies
Le matin
Nous a saisis
Le matin
Nous a volés
A cette nuit
Qui nous appartenait
Il a battu des ailes
Jusqu'à très haut
Et puis il a ouvert ses serres
Et il nous a regardés
Nous écraser
Dans ce qui restait d'aube
Nous décomposer
Dans des odeurs de brutes
14 septembre 2016
12 août 2016
Cavalcade
Nous laissions
Filer notre vie
Comme un chien rapide
Sur la plage déserte
Entre eau, sel et sable
La bête cherchait
A prendre l'océan
De vitesse
Excitée par le sol
Humide et mobile
Qui se dérobait sous ses pattes
Nous laissions
Filer notre vie
Nous la regardions
Disparaître
Dans les embruns
De l'entre-saisons
Il y avait ce frisson
De savoir
Si et quand
Elle réapparaîtrait
Nous laissions
Filer notre vie
Nous la regardions
Revenir
En cavalcade puissante
Et il nous semblait
Qu'elle tenait quelque chose
Dans la gueule
Filer notre vie
Comme un chien rapide
Sur la plage déserte
Entre eau, sel et sable
La bête cherchait
A prendre l'océan
De vitesse
Excitée par le sol
Humide et mobile
Qui se dérobait sous ses pattes
Nous laissions
Filer notre vie
Nous la regardions
Disparaître
Dans les embruns
De l'entre-saisons
Il y avait ce frisson
De savoir
Si et quand
Elle réapparaîtrait
Nous laissions
Filer notre vie
Nous la regardions
Revenir
En cavalcade puissante
Et il nous semblait
Qu'elle tenait quelque chose
Dans la gueule
20 juillet 2016
Disparates
Tu as pris ton regard
De gorille qui termine les mégots
Et tu as troué de cendres
La peau de nos envies
La chaleur de l'été a rendu tout ça
Collant et puant
Et puis c'était fini
Il ne restait plus de nous
Que des traces de suie
Disparates
De gorille qui termine les mégots
Et tu as troué de cendres
La peau de nos envies
La chaleur de l'été a rendu tout ça
Collant et puant
Et puis c'était fini
Il ne restait plus de nous
Que des traces de suie
Disparates
Se précipiter vers le jour
Attendre le jour
Se précipiter vers lui
Et puis
A grandes mains échevelées
Lui faire promettre
De ne plus jamais
Nous abandonner
Et puis
L'entendre rire
A faire peur aux étoiles
Enfin
Après une journée
Dans l'ombre de la lumière
Se soumettre
Aux sommations
De la nuit
Les mains sur la tête
Se précipiter vers lui
Et puis
A grandes mains échevelées
Lui faire promettre
De ne plus jamais
Nous abandonner
Et puis
L'entendre rire
A faire peur aux étoiles
Enfin
Après une journée
Dans l'ombre de la lumière
Se soumettre
Aux sommations
De la nuit
Les mains sur la tête
Les petits territoires
Parce qu'il s'était dérobé
Parce qu'il t'avait mis
En cale sèche
Tu as essayé
De retenir l'océan
Comme on saisit
Un drap
Comme on se dispute
Pour de petits territoires
Promis à devenir
Les rampes de lancement
De nos voyages inaccessibles
T'inquiète
Il reviendra
Il t'emportera
Il noiera tout
Parce qu'il t'avait mis
En cale sèche
Tu as essayé
De retenir l'océan
Comme on saisit
Un drap
Comme on se dispute
Pour de petits territoires
Promis à devenir
Les rampes de lancement
De nos voyages inaccessibles
T'inquiète
Il reviendra
Il t'emportera
Il noiera tout
09 juin 2016
Reprise
J'ai envie
Que la nuit me reprenne
Oui mais la nuit
N'a pas
La tête à ça
Elle ne veut pas
De toi
Elle ne reprend pas
Les occasions manquées
08 juin 2016
Taxis
Comme si tu revenais
D'un long voyage
Toi
Comme un avion
Qui s'appuie sur l'air
Semblable à un vieux coude
Qui cherche à se poser
Sur un accoudoir
Je me souviens
De ton tempo
De tes taratatas
De la vie
Avec toi
Haute et exposée
Que j'ai pleurée
Que j'ai attendue
Comme une carte postale
Après l'avoir laissée filer
Je me souviens
Et on dirait
Là
A échanger nos taxis
Que c'est
Comme si tu revenais
Que tu vas me raconter
Ton long voyage
D'un long voyage
Toi
Comme un avion
Qui s'appuie sur l'air
Semblable à un vieux coude
Qui cherche à se poser
Sur un accoudoir
Je me souviens
De ton tempo
De tes taratatas
De la vie
Avec toi
Haute et exposée
Que j'ai pleurée
Que j'ai attendue
Comme une carte postale
Après l'avoir laissée filer
Je me souviens
Et on dirait
Là
A échanger nos taxis
Que c'est
Comme si tu revenais
Que tu vas me raconter
Ton long voyage
07 juin 2016
Cordes
Le ciel
Compact et sombre
Comme une coque de paquebot
Il pleuvait des cordes
Et personne ici
Pour s'accrocher à elles
Et monter à bord
Compact et sombre
Comme une coque de paquebot
Il pleuvait des cordes
Et personne ici
Pour s'accrocher à elles
Et monter à bord
06 juin 2016
Siphon
L'un a haussé
Les épaules
Et ensuite
L'autre a haussé
Les sourcils
Grâce à cet appel d'air
L'un a pu siphonner
Un peu de tristesse
Au fond de l'autre
Et faire redémarrer
Le tank
Du vieux dictateur
Jusqu'à la prochaine guerre
Les épaules
Et ensuite
L'autre a haussé
Les sourcils
Grâce à cet appel d'air
L'un a pu siphonner
Un peu de tristesse
Au fond de l'autre
Et faire redémarrer
Le tank
Du vieux dictateur
Jusqu'à la prochaine guerre
Sentinelles
La forêt
Et ce qui restait
De vent
A la va-vite
Ont brassé
Quelques feuilles
Qu'ils ont appliquées
Sur le silence
Un grimage maladroit
Censé le soustraire
Aux fracas
Des tronçonneuses
Restait l'odeur de l'essence
Au sombre dessein
Lancée dans l'air
A l'assaut des sentinelles des bois
Arcs et flèches
On a voulu
Atteindre
Avec nos arcs et nos flèches
Les trois étoiles
Les plus lumineuses
Celles qui donnaient
Le signal de départ
A la nuit
A nos courses effrénées
Dans l'obscurité
On a espéré
Qu'elles s'effondreraient
Un peu plus loin
Dans la forêt
On a imaginé
Envoyer nos Weimar
Les cueillir
On s'est réjoui
De pouvoir les moudre
Fin
Au pilon
D'en faire de la poudre
On s'est monté la tête
Sur les vertus de ce talc
Sur ses pouvoirs
D'adhérence
Dans les passes obscures
Atteindre
Avec nos arcs et nos flèches
Les trois étoiles
Les plus lumineuses
Celles qui donnaient
Le signal de départ
A la nuit
A nos courses effrénées
Dans l'obscurité
On a espéré
Qu'elles s'effondreraient
Un peu plus loin
Dans la forêt
On a imaginé
Envoyer nos Weimar
Les cueillir
On s'est réjoui
De pouvoir les moudre
Fin
Au pilon
D'en faire de la poudre
On s'est monté la tête
Sur les vertus de ce talc
Sur ses pouvoirs
D'adhérence
Dans les passes obscures
Dérobade
Retiens-toi au jour
Ce n'est pas que
La nuit se dérobe
Sous tes pieds
C'est que
La ville est visqueuse
Certains n'ont pas réussi
A garder leurs entrailles
Au fond de leurs joies
Ce n'est pas que
La nuit se dérobe
Sous tes pieds
C'est que
La ville est visqueuse
Certains n'ont pas réussi
A garder leurs entrailles
Au fond de leurs joies
Pacotille
Mal équipé
Dans la précipitation
J'avais oublié
Piolets et mousquetons
Dans ma remise
Celle des ascensions
Ratées et estropiées
Mal équipé
Parti
Le poitrail
Saisi des vigueurs de l'aube
J'ai tenté
De passer
De la base de ton cou
Au sommet de ta nuque
Et je me suis fait emporter
Dans l'avalanche de tes cheveux
Estourbi dans ta chute de reins
Comme un aventurier
De pacotille
Qu'aucun hélicoptère
Ne remarquera
Tellement inanimé
Dans la précipitation
J'avais oublié
Piolets et mousquetons
Dans ma remise
Celle des ascensions
Ratées et estropiées
Mal équipé
Parti
Le poitrail
Saisi des vigueurs de l'aube
J'ai tenté
De passer
De la base de ton cou
Au sommet de ta nuque
Et je me suis fait emporter
Dans l'avalanche de tes cheveux
Estourbi dans ta chute de reins
Comme un aventurier
De pacotille
Qu'aucun hélicoptère
Ne remarquera
Tellement inanimé
Wombats
Il a souhaité
Entamer l'été
Alors que d'autres
Saisissent un couteau
Affûtent des lames
Il a souhaité
Entamer l'été
A dos de libellule
En dresseur de wombats
Il a souhaité
Aligner la lumière
En petits wagons
Son désir d'horizon
Comme seule
Locomotive
04 mai 2016
Vague
Comme une vague
Venue du fond de l'horizon
Pour noyer nos matins
Salis de désirs
A qui on a ouvert le ventre
Comme l'océan
Venu faire la loi
Lancé en campagne hostile
A l'assaut de la terre
Encore assoupie
Venue du fond de l'horizon
Pour noyer nos matins
Salis de désirs
A qui on a ouvert le ventre
Comme l'océan
Venu faire la loi
Lancé en campagne hostile
A l'assaut de la terre
Encore assoupie
15 avril 2016
Reliques
Regarde
On voit
Ton sécateur
Qui luit dans le sombre
J'attends l'aube
Je me prépare
J'irai cueillir le jour
Et je lui arracherai
Un à un ses pétales
Et après
Et après je laisserai
Tout en plan
Comme
Un festin sec
De prédateur
Comme
Les reliques
D'une sauvagerie
Regarde
On voit
Ton sécateur
Qui luit dans le sombre
Range un peu ça
Ne te donne pas
En spectacle
Ne sous-estime pas
La lumière
Et ses ruses
On voit
Ton sécateur
Qui luit dans le sombre
J'attends l'aube
Je me prépare
J'irai cueillir le jour
Et je lui arracherai
Un à un ses pétales
Et après
Et après je laisserai
Tout en plan
Comme
Un festin sec
De prédateur
Comme
Les reliques
D'une sauvagerie
Regarde
On voit
Ton sécateur
Qui luit dans le sombre
Range un peu ça
Ne te donne pas
En spectacle
Ne sous-estime pas
La lumière
Et ses ruses
11 avril 2016
Livrée
Le livreur
De vins fins
Est venu
Amener
Sa tristesse
En petits cageots
Devant la porte
De bois rouge
Importé d'une île
Lointaine et défigurée
Celle qui tirait
Des bières
S'est arrêtée
De tirer des bières
Ils ont parlé
De ses kystes
Qui lui donnaient l'air
D'un vieux crocodile
Le livreur
De vins fins
A eu droit
Ensuite
A un peu de blanc
Servi dans un verre trapu
Qui ressemblait à sa démarche
De souriceau obèse
Celle qui tirait des bières
S'est remise
A tirer des bières
Le livreur
De vins fins
S'est mis
A parler un peu tout seul
"On y va", lançait-il
A des chevaux
Invisibles et miniatures
Sur le comptoir
"Bon", ajoutait-il
Comme un ancien dresseur
De chiens
Puisque les voix
Dans les hauts-parleurs
Ne lui répondaient pas
Il a traversé
Dans l'autre sens
La porte de bois rouge
Importé d'une île
Lointaine et défigurée
Il a laissé ses petits cageots
De tristesse
Il reviendra demain
Il les chargera dès l'aube
Il sait qu'il n'en a pas l'utilité
Puisque la nuit a promis
De lui masser l'épiderme
Celle qui tirait des bières
A pris soin
D'ailleurs
De les mettre de côté
Afin que personne
Ne trébuche
De vins fins
Est venu
Amener
Sa tristesse
En petits cageots
Devant la porte
De bois rouge
Importé d'une île
Lointaine et défigurée
Celle qui tirait
Des bières
S'est arrêtée
De tirer des bières
Ils ont parlé
De ses kystes
Qui lui donnaient l'air
D'un vieux crocodile
Le livreur
De vins fins
A eu droit
Ensuite
A un peu de blanc
Servi dans un verre trapu
Qui ressemblait à sa démarche
De souriceau obèse
Celle qui tirait des bières
S'est remise
A tirer des bières
Le livreur
De vins fins
S'est mis
A parler un peu tout seul
"On y va", lançait-il
A des chevaux
Invisibles et miniatures
Sur le comptoir
"Bon", ajoutait-il
Comme un ancien dresseur
De chiens
Puisque les voix
Dans les hauts-parleurs
Ne lui répondaient pas
Il a traversé
Dans l'autre sens
La porte de bois rouge
Importé d'une île
Lointaine et défigurée
Il a laissé ses petits cageots
De tristesse
Il reviendra demain
Il les chargera dès l'aube
Il sait qu'il n'en a pas l'utilité
Puisque la nuit a promis
De lui masser l'épiderme
Celle qui tirait des bières
A pris soin
D'ailleurs
De les mettre de côté
Afin que personne
Ne trébuche
04 avril 2016
A bout portant
Tirer à bout portant
Dans les genoux de l'après-midi
Regarder l'ennui
Couler, s'étaler
Comme un dégazage
Et trouver une place
A bord d'une fourgonnette
Où les soupirs sont
Serrés et patibulaires
De vrais soldats de régime sanguinaire
Croire
Après avoir soumis
Les dernières heures du jour
Qu'on peut partir
Maintenant à l'assaut
De la nuit
De ses citadelles excitantes
Croire qu'elle nous laissera
Même approcher
Respirons encore
Car nous n'entendrons pas
L'obscurité
Ses grands mouchoirs
Serrés dans ses grosses mains
Nous ne l'entendrons
Même pas
Nous étouffer
20 mars 2016
Papillons rôtis
Regarde-les s'éparpiller dans la nuit, regarde-les se déconcentrer au contact du vent. Nous allons au devant de beaucoup de tristesse en multipliant nos gestes pour extraire les papillons du ventre du crépuscule. A s'obstiner à les faire rôtir. Ensuite. L'obscurité ne se cabrera pas avec délicatesse, elle ne soupirera pas avec profondeur sous nos papouilles. Il y aura des cloques. Plutôt. Irrégulières et gorgées. Lorsque les après-midi de pluie ne chantent plus sous nos caresses, il y a quelque chose de brisé. Au sens du vent.
04 mars 2016
L'aube suivante
Ce matin
Le jour
Est un chien mouillé
Tu hésites à le faire rentrer
Tu sais que nous serons
Hypnotisés par son odeur
Tu sais qu'à peine rentré
Il se précipitera sur nous
Tu sais que
Nous nous laisserons attendrir
Nous nous lancerons à l'assaut
De cette féroce humidité
Tu sais que ce sera
Lumineux
Pourtant
Tu préfères
Attendre la nuit
Et plier des linges
Jusqu'à l'aube suivante
Le jour
Est un chien mouillé
Tu hésites à le faire rentrer
Tu sais que nous serons
Hypnotisés par son odeur
Tu sais qu'à peine rentré
Il se précipitera sur nous
Tu sais que
Nous nous laisserons attendrir
Nous nous lancerons à l'assaut
De cette féroce humidité
Tu sais que ce sera
Lumineux
Pourtant
Tu préfères
Attendre la nuit
Et plier des linges
Jusqu'à l'aube suivante
Raffut
La nuit
A refermé
Ses mâchoires
Sur nous
Elle nous a avalés
Tout cru
Nous voici
Dans des entrailles
Sombres et visqueuses
Et toi qui me dis
Nous sommes encore vivants
Et toi qui me dis
Nous ne sommes pas morts
Et toi qui me montre
Nos violons
Et nos musiques à bouche
Notre raffut
Viendra cogner
Comme une bête
Aveugle et surexcitée
Contre les parois
De ces profondeurs acides
02 mars 2016
Assaut
Tes cheveux
Sont
La Camargue
De mes désirs
Mes mains
Sont
Des chevaux
Lancés
A l'assaut
De toi
Sont
La Camargue
De mes désirs
Mes mains
Sont
Des chevaux
Lancés
A l'assaut
De toi
Fendre la nuit
Tu es le seul
A fendre la nuit
D'autres ont voulu
Ils ont montré
Les dents
Ils ont
En vain
Cherché leurs couteaux
Tu es le seul
A découper
Les couches
De nos solutions hasardeuses
Lorsque l'aube
Met de la lumière sur tes mains
Tu regardes
Des traces
Des lignes
Les petits chemins de poussière
De tous ces espoirs
Venus du fond des ventres
Que la nuit a moulu
Fin
Avec la force
De papouilles sombres
Tu es le seul
A fendre la nuit
D'autres ont voulu
Ils se sont
Perdu en chemin
29 février 2016
Dans les parages de l'horizon
L'orage
Se tricotait
Au-dessus de l'océan
Dans les parages de l'horizon
Et nous démêlions
Sur notre bande herbeuse
Les filets des chalutiers
Laissés par
Ceux qui
Nous avaient
Si bien
Fait l'amour
Hier
Et avant-hier aussi
Dans l'oubli des gouvernails
Ceux qui
Maintenant
Chevauchant d'autres houles
Etaient écrasés
Par les poitrines opulentes
Du gros temps
Là-bas au fond
Dans les parages de l'horizon
Se tricotait
Au-dessus de l'océan
Dans les parages de l'horizon
Et nous démêlions
Sur notre bande herbeuse
Les filets des chalutiers
Laissés par
Ceux qui
Nous avaient
Si bien
Fait l'amour
Hier
Et avant-hier aussi
Dans l'oubli des gouvernails
Ceux qui
Maintenant
Chevauchant d'autres houles
Etaient écrasés
Par les poitrines opulentes
Du gros temps
Là-bas au fond
Dans les parages de l'horizon
26 février 2016
Taxi
Entre la fin de la nuit
Et le début du jour
Réussir à capturer
Un taxi
Et le chauffeur qui nous dit
Si vous voulez
Je vous emmène loin
D'abord par là
Et partir
Et parler
Des prédateurs
Des roselières
Et regarder la Beauce
Et ne pas réussir
A tisser des liens exacts
Entre eux
C'est la fin de la nuit
Et le début du jour
Juste au milieu des deux
Et la police qui roule vite
Vers l'horizon
Comme à son habitude
Et toi qui a encore un peu
De tabac propre
Pour ceux qui ont tout arrêté
Tu me dis
Comme une précision
Et la police qui fait
Du vent dans nos cheveux
En roulant vite
Comme à son habitude
On est une échappée
On pose nos yeux
Hors d'atteinte
Sur le haut des arbres
La cime
Tu me dis
Comme une précision
Et nos corps
Se tiennent tranquilles
Au milieu
Entre le début du jour
Et la fin de la nuit
Et le début du jour
Réussir à capturer
Un taxi
Et le chauffeur qui nous dit
Si vous voulez
Je vous emmène loin
D'abord par là
Et partir
Et parler
Des prédateurs
Des roselières
Et regarder la Beauce
Et ne pas réussir
A tisser des liens exacts
Entre eux
C'est la fin de la nuit
Et le début du jour
Juste au milieu des deux
Et la police qui roule vite
Vers l'horizon
Comme à son habitude
Et toi qui a encore un peu
De tabac propre
Pour ceux qui ont tout arrêté
Tu me dis
Comme une précision
Et la police qui fait
Du vent dans nos cheveux
En roulant vite
Comme à son habitude
On est une échappée
On pose nos yeux
Hors d'atteinte
Sur le haut des arbres
La cime
Tu me dis
Comme une précision
Et nos corps
Se tiennent tranquilles
Au milieu
Entre le début du jour
Et la fin de la nuit
12 janvier 2016
Flambée
Tu as claqué
Les portes
Tu as déboulé
Dans le séjour
Comme un corsaire
A l'abordage de tous les possibles
Et tu as empoigné nos destins
Qui n'avaient plus trop servi
Tu les as frottés et tapés
Les uns contre les autres
De tes mains féroces
Comme des silex
Et tu as fait un feu immense
Nous avions oublié la chaleur
Nous avons adoré ça
Et on s'est mis à chercher
Ce qu'on pourrait y lancer
La frénésie
Gagnait du terrain
Sur l'agitation
Et puis il y avait aussi
Les cris
Venus du fond des ventres
On ne pouvait plus s'arrêter
Et on aimait beaucoup ça
Les portes
Tu as déboulé
Dans le séjour
Comme un corsaire
A l'abordage de tous les possibles
Et tu as empoigné nos destins
Qui n'avaient plus trop servi
Tu les as frottés et tapés
Les uns contre les autres
De tes mains féroces
Comme des silex
Et tu as fait un feu immense
Nous avions oublié la chaleur
Nous avons adoré ça
Et on s'est mis à chercher
Ce qu'on pourrait y lancer
La frénésie
Gagnait du terrain
Sur l'agitation
Et puis il y avait aussi
Les cris
Venus du fond des ventres
On ne pouvait plus s'arrêter
Et on aimait beaucoup ça
Ta main, s'il te plaît
Laisse-moi
T'accompagner encore
Nous irons voir
Partir les trains
Nous attendrons longtemps
Sans regarder les horaires
Laisse-moi
Me tenir en embuscade
Avec toi
Laisse-moi venir
Avec mes petits outils
Moissonner le temps
Plonger nos mains nues
Dans les minutes et les secondes
Nous sentirons leurs odeurs
Celles qu'elles dégagent
Lorsqu'on les observe assez longtemps
Laisse-moi te prendre la main
Quand le convoi s'éloignera
Laisse-moi t'écouter
Raconter les vies
Qui ont pris le train
T'accompagner encore
Nous irons voir
Partir les trains
Nous attendrons longtemps
Sans regarder les horaires
Laisse-moi
Me tenir en embuscade
Avec toi
Laisse-moi venir
Avec mes petits outils
Moissonner le temps
Plonger nos mains nues
Dans les minutes et les secondes
Nous sentirons leurs odeurs
Celles qu'elles dégagent
Lorsqu'on les observe assez longtemps
Laisse-moi te prendre la main
Quand le convoi s'éloignera
Laisse-moi t'écouter
Raconter les vies
Qui ont pris le train
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