Le jour tranchait et luisait
C'était une aubaine
Pour les trappeurs de colères
Ils creusaient des trous à même l'aube
Ils tricotaient quelques tristesses
Prises en vrac
Faciles
Pas chères
Et ils produisaient des toiles amples
Et ils en recouvraient leurs trous
Restait à attiser et à attendre
Elles ne tarderaient pas
Les colères matinales
Sortent la tête ailleurs
Folles, fières et furieuses
Ne regardent pas où elles vont
Traversent forêts et rideaux de pluie
Drapées de fracas
Elles rajustent leurs cris
Elles se regardent beaucoup
Une flaque les contentent
Et ces tapis de tristesses
Flattent leurs pieds agités
C'est ici que les trappeurs
Ont le geste sûr
Les précipitent au fond
Et les observent un moment
Se débattre, ronger tout ce qu'elles trouvent
Arracher leurs colliers d'émotions sèches
C'est ici que les trappeurs
Font voir à leurs enfants
Combien le commerce de colères
Est exigeant et lucratif