14 mars 2014

Va

Va
Par les ruelles sombres
Et ramène-moi
L'odeur de l'obscurité
Une fois que la nuit
Aura bien transpiré

12 mars 2014

L'avenue

Elles remontaient
L'avenue
Comme des saumons

L'instinct farouche

Nos grosses mains
D'ours
Allaient
Nous servir

11 mars 2014

José

José a mis des pantalons propres
Il a accroché à sa ceinture
Son poignard d'ivoire et de lumière
José s'est parfumé
José s'est préparé à sortir
Il a pénétré le crépuscule
Sombre et encore chaud
José était bien décidé
A éventrer l'imprévisible
D'une lame sèche
Et observer
Quelles directions
Prendraient boyaux et intestins
Répandus sur le sol tiède
De cette ville agitée

Tissus et chiffonniers

Elle a attrapé son regard
Comme on retient
Un désespéré
Qui projette
De se jeter
Sous le train
C'était une histoire
De tissus
Et de chiffonniers

Passagers

Il a souri
Comme un lionceau
Poursuit sa queue

Les passagers
Augmentaient
Il pensait
A des miettes
Soudaines et incontrôlables
Fines et insaisissables

Il a souri
Sans voir la vitre
Comme le moineau
Tout à sa joie

07 mars 2014

Pelotes

Notre mélancolie
Nous jetait
Des pelotes de laine
A la figure
Et nous ne savions pas
Tricoter

Renard

Son charme
Est un renard
Qui creuse
Devant un poulailler

Réveil

Le sommeil l'a quitté
Comme un morceau de bois
Rongé par un chien
Mal relancé par son maître
Disparaît
Au bout du courant
D'une rivière

Brume et crachin

Elle a posé sur lui
Ses yeux
Tricotés de brume et de crachin

Puits de lumière

Nos pas dans l'obscurité
Ces flèches
Pénétraient la nuit
Avec la profondeur
De puits de lumière
Nos pas dans l'obscurité
S'enfonçaient
Sur le chemin de nos désirs

04 mars 2014

Urbanité 3

Il a trouvé ce bar
Comme un marin
Pêche un loup
A la ligne
Solitaire
A force de peine
Alors qu'il n'attendait
Plus rien ni personne
Dans le silence de la haute mer
Il a trouvé ce bar
Il a échoué
A bonne latitude
Pour se noyer

Urbanité 2

La tranche lumineuse
De cet hôtel
Restait plantée
Dans notre âme
Et les souvenirs
Faisaient
Acte de pourriture
En bonnes bactéries

Urbanité 1

La neige s'accrochait
Au sommet
Des taupinières
Comme nous revenions
Avec mille prudences
Sentir cette ville

18 février 2014

Pince à sucre

Elle l'a embrassé
Comme on largue quelque chose
Au fond de sa tasse
A l'aide
D'une pince à sucre

Notre nuit

Notre nuit
Cet estomac
De lotte
Acide 
A nous emporter
Dans ses profondeurs
Geôles de lumière
Notre nuit
Effraie les marins

Inoxydable

Parmi les ours
Parmi les sosies
Parmi les pompes à chaleur
Tu tournais
De façon gracieuse
Sans manière
Ta cuillère inoxydable
Dans ton café
C'était
Ton genre et ta contribution
Pour lutter
Contre l'empire nauséabond
Du latte macchiato

13 février 2014

Une main

Elle lui a mis
La main aux fesses
Comme on descend
A la cave
Accroché à une lanterne
Plongeant
Dans l'odeur de terre roussie
Redoutant
Ce qui pourrait surgir
De cet univers
Sombre et immobile
Sous ses pieds
Habitués
A évoluer
Sur des surfaces claires
Habitués
A danser
Avec la lumière

Rideaux de pluie

A force de traverser nu
Les rideaux de pluie
Il avait une averse
Qui lui collait
A la raie du cul

08 février 2014

C'était un rire

Des profondeurs musquées
De ton être sinueux
Comme un petit oiseau tropical
Franchit les limites de la forêt
Débouche dans le vide
Doit retrouver son équilibre
Hors des lianes et des aspérités
De tes profondeurs
Oui
Surgit quelque chose
C'était un rire

07 février 2014

Oué!

Sa joie était
Une charrette
Remplie
De pots de confiture
Et elle cheminait
Tirée par un vieux boeuf
Sur un ancien chemin
Rongé par les pierres

06 février 2014

Poches percées

Ils se sont mis en tête
De tuer le temps
Dans une ruelle
A l'orée du crépuscule
Par un soir
Sombre
Comme une Saint-Barthélemy

Mais

Il leur a filé
Entre les doigts
Il a emprunté
Un itinéraire
Qui passait
Par leurs poches percées

Ces fous
Ivres de leur équipée
Avaient oublié
De les refermer

05 février 2014

Les directions de l'aube

Ramasser l'horizon
Comme on plisse un drap
Puisqu'une fois sorties
De notre nuit
Nos routes
Seront différentes
Au loin
Le point de fuite
Ne suffira pas
A nous réunir

04 février 2014

Lichen

Le matin est en mousse
L'aube était de pluie
Nous sommes la verdure
Nous sommes la nourriture
Des gens des bois
Qui viendront
Nous arracher
De leurs mains
Epaisses
Parcourues d'engelures
Ils nous assoupliront
De quelques coups
De langue
Nous sommes la verdure
L'aube était de pluie
Les plus vigoureux
D'entre nous
Rêvent
Du pays
Du lichen

03 février 2014

Devant les bois

Il habitait la plaine
Devant des grands bois
Il attendait
Jusqu'à ce que
Quelque chose
En sorte
Il n'a pas vu
Que les chars
Ont donné l'assaut
Par le côté

02 février 2014

On vieillit

Ne crépite pas
Flambe
Ne ruisselle pas
Inonde
Ne parfume pas
Empeste

On vieillit
Et on a payé
Pour un sons et lumières
Sans entracte

Alors bien sûr
Ne murmure pas
Hurle
Et puis
N'éructe pas
Vomis

Jetés dans le jour

L'aube
Est arrivée
Plus vite
Que nous ne l'avions prévue

Elle a confisqué
La possibilité
De nos langues

L'aube nous a jetés
Dans le jour
Comme un videur

Je commençais juste
A m'enivrer de toi
Mais je tenais encore
Debout
Je ne faisais pas d'esclandre
Sur le pavillon feutré
De ton oreille

Philip Seymour Hoffman est mort, chargeons le vent

Charger le vent
Avec nos dernières larmes
Tenter la noyade
Par surprise

Charger le vent
Qui nous a pris
Jusqu'à ton odeur
Et que nous n'avons pas su abuser
Avec des eaux de toilettes
Capiteuses

Charger le vent
Lui enfoncer
Notre tristesse
Au fond de la bourrasque

Charger le vent
Et alourdir de nos pluies intérieures
Son royaume
Pour en faire
Un marécage

Charger le vent
Pour qu'il se sente
Chez nous
Bien dégueulasse
De boue

17 janvier 2014

Je suis ton cendrier

Ton regard
De braise
S'est éteint
A force
De trop
Tirer dessus
Il n'en reste
Que des cendres
Et moi
Je suis ton cendrier

Le ciel a traversé le plancher

La pluie
A tout fait pourrir
Au-dessus
Le ciel a traversé
Le plancher
Il s'est écrasé
Sur nos vies
Déjà elles-mêmes
Très effondrées
Sur nos corps
Déjà eux-mêmes
Très tassés
A ne plus savoir
De la poussière
Ou des nuages
Qui faisait le plus
De brouillard
Qui semait davantage
De confusion

14 janvier 2014

Tamanoir

Nous buvions
Des crèmes de soja
Nous étions
Déjà morts
A jouer
Les prédateurs
De végétaux
Nous étions un peu
Le tamanoir
Qui laisse sécher sa langue
Pour que les fourmis
En fassent un toboggan