30 mai 2011

Les douze stations sébastides

I.
Attiré par les vraies lueurs
Exalté par les possibles splendeurs
Comme le pèlerin il savourait la valeur du bois
Comme le souverain il épiait le signal du cor
La vie s’étalait et débordait des surfaces de son corps
Un peu vers eux, un peu vers elles, un peu vers moi

II.
Vient le temps des commutateurs d’alimentation
La touche d’effacement est une tentation
Puis les jaquettes retiennent les frissons
Et les chemises proposent des gestes de la passion
Enfin les poils prennent une décision
De l’acarien ils accompagneront l’ascension

III.
Le siège, généralement en cuir
Sur lequel s’assied le pilote
Il y a rencontré mille Liselotte
Qui mâchouillaient le verbe jouir
Alors que la pression d’huile augmentait sur le compteur
Alors que le trafic accentuait sa cadence dans la moiteur

IV.
Au-dessus de la fumée, tous inaccessibles
D’abord des pentagones
Et des hexagones
Puis des heptagones
Et des octogones
Quelques ennéagones
Une poignée de décagones
Peut-être plus que dix hendécagones
Enfin des dodécagones
Tous insubmersibles
Malgré ses mouvements de très basse altitude
Qui cherchaient une danse déjà facile par habitude

V.
De lourds appareils munis de belles épaulières
Provoquaient les sudations des consommateurs
Il s’approchait des masses brillantes et colorées
Il vaporisait une syntaxe agile et presque hantée
Avec des raclements ils essayaient la peur
Pourtant ils échouaient dans les derniers sons de la manière

VI.
On aurait dit qu’il souriait
Alors qu’il jonglait avec du plastique
On aurait dit qu’il compatissait
Alors qu’il effaçait des techniques
Ancestrales pour un gardien de guichet
Banales pour les doigts de l’arbitre

VII.
De bubons en scrofules les dentitions s’écartaient
Paniquées par son regard métallique qui caressait
La peau des miséreux
Les chevelures éparses
Les doigts poussiéreux
Simplement la crasse
Il penche la tête
Comme devant des excréments
D’une repoussante bête

VIII.
D’alcool et de nicotine
Sa volonté se rassemble
Elle saisit
Un scramasaxe émoussé par tant de chutes
Il se raidit
Actionne des hésitations vers des huttes
Non, c’était une foule, il me semble
Il fait le fier devant d’inattaquables mutines

IX.
Devant lui s’éparpillent maintenant
Des talégalles
Ces êtres saccadés qu’on appellle dindons des buissons
Il rêve au même instant
A des tomographies générales
De petites portions de son corps de grand garçon

X.
Un général se chatouille avec un brin de touselle
Il caresse ses narines
Il observe cette progression nauséabonde
Ponctuée de jets d’urine
Sur les pieds d’une tête d’un autre monde
Dont les mains d’arthrite atteignent les demoiselles
Maladroitement
Et très confusément

XI.
Sur la fin la pluie vient souvent
L’eau ruisselle sur les dos
Et forme des rigoles turbides
Dans cette confusion
Les êtres reniflent leurs aisselles
A la manière d’une communauté stupide
Semblables dans leur contemplative union
Il secoue ses jambes dans un semblant de marelle
Il n’écoute plus l’appel du repos
Que porte à ses oreilles le vent

XII.
Regardez, je crois qu’il chante
Il pousse son pharynx
Dans des contractions compliquées
Il s’anime de l’espoir d’une autre vie
Dans laquelle il évolue déjà
Enivrés par les effets des upas
Regardez, je crois qu’il rit
Dans des mines surannées
Il noie son larynx
Oui, je crois qu’il chante