20 janvier 2015

Veilleuses

On s'habitue à la tristesse.

On s'habitue à une vie sans émotion autre que la satisfaction d'obtenir de la marchandise meilleur marché dans ses commerces favoris, en raison d'une participation assidue à un programme de fidélité.

On s'habitue à abandonner le désir et son cortège de soubresauts. On s'habitue au roulis lisse du bitume.

Et plus tard, avec beaucoup de chance, enfin c'est ainsi qu'il faudra qualifier les événements s'ils réussissent à survenir et si la vie se prolonge jusque-là, plus tard, un document sur la savane et l'endormissement des fauves au fusil hypodermique pourra procurer une joie.

Il s'agira plus précisément d'un sentiment primesautier. Celui-ci sèmera la confusion dans notre esprit.

Il nous ferait prendre les égarements de notre corps, à tort, pour de l'ivresse, si le personnel d'accompagnement gériatrique n'était là pour nous rappeler que la nuit exige désormais des veilleuses fiables et fait résonner des silences rayés.