05 juillet 2011

Effondré

Il parlait aux cendres volatiles et nauséabondes de son cendrier.

- Marre de leurs silhouettes squelettiques de ravis de la montagne. J'en peux plus de leurs vêtements synthétiques à multipoches. Me font chier avec leurs réservations pour tout et rien. Qu'ils aillent se faire foutre avec leurs gosses en sandalettes de plastique doux. J'emmerde leurs céréales de bon matin. Me parlez pas de leurs techniques pour griller des légumes au bord des plans d'eau. Et pis surtout, leurs gueules, rien que leurs gueules, cette chair qui hésite entre le tannage, l'huilage et le séchage, leurs gueules d'inquiets positifs. Leurs gueules, merde.

Les cendres s'émiettaient et s'envolaient.
Ses bras s'effondraient tranquillement sous le poids de son buste.
Les cacahuètes venaient à manquer.

Surgie des toilettes, les mains encore humides, une danseuse étoile de l'opéra-ballet d'en face lui proposa de tuer le temps. Un peu. En visant les jambes.

Ils dessinèrent alors, de tête, presqu'à l'aveuglette, les dimensions du détroit de Gibraltar, sur un coin de zinc, en grattant une vieille pièce chinoise.

Et là, il eut l'irrépressible envie de porter du rose.