01 juillet 2011

Le seuil de la percolation

En quelques mois, il s'était constitué son petit parcours. Un circuit qui alternait entre hautes herbes sèches, sous-bois humides et bitume délavé. Régulièrement, lorsque son hypothalamus et son hypophyse libéraient des endorphines et que celles-ci descendaient le long de son corps mouillé, lorsque sa vue brouillée par les sels minéraux se transformait en hébétude, il délirait un peu. Il imaginait des fantassins, des services de sécurité, des muscles se contracter dans des juste-au-corps noirs. Il baignait dans une ivresse présidentielle.

Un jour, une jeune femme le dépassa, en foulées courtes et légères. Elle occupait peu d'espace. Il fixait son regard sur sa queue de cheval, blonde. Qui balançait comme un métronome. Qui dégageait un violent déodorant bon marché. Qui expulsait probablement des gouttes invisibles, à la manière d'un vieux vaporisateur à pompon.

Le soir, redevenu sec, il s'égara à fracasser contre le mur intérieur de son garage quelques douzaines de bouteilles de vodka. Il se plaisait dans ces éclats. Il questionnait le seuil de la percolation.